XOSE BOUZAS / Hans Lucas via AFP
Olivier Faure photographié à Matignon le 4 septembre (Photo Xose Bouzas / Hans Lucas via AFP)
POLITIQUE – C’est automatique. Alors que François Bayrou vit ses dernières heures à Matignon, les regards se tournent logiquement vers la force qui pourrait permettre de sortir de l’impasse politique : le Parti socialiste. Et comme les choses sont bien faites, le premier d’entre eux, Olivier Faure, a fait acte de candidature pour récupérer la tâche de former un gouvernement apte à faire adopter un budget. Une offre de service saluée par François Hollande.
« Ce sont les socialistes qui, par leur nombre de députés, ont la clé de la stabilité. Chacun doit le comprendre, et d’abord Emmanuel Macron, dès le jour d’après. Car rien ne pourra plus être comme avant. Il faudra faire davantage que jeter un regard vers la gauche, il faudra prendre en compte ses propositions », affirme l’ex-président de la République dans La Tribune dimanche, estimant que le premier secrétaire du PS « a vocation à revendiquer le pouvoir ».
Sur le papier, on pourrait penser que la chose est entendue. Au regard des résultats des élections législatives 2024, et après avoir deux fois échoué avec une proposition issue du bloc central pour mener une politique de centre droit, le chef de l’État n’a pas d’autres choix que de se tourner sur sa gauche. Mais le problème ici n’est pas la théorie, mais bien la pratique. Car plusieurs obstacles à la nomination d’un Premier ministre socialiste menant une politique de gauche demeurent.
Il y a d’abord les précédents qui devraient inciter les roses à la prudence. Emmanuel Macron a refusé à deux reprises de choisir une personnalité issue du Nouveau Front populaire qui détricoterait sa politique de l’offre et sa réforme des retraites. Une constante qui subsiste, à en croire les indiscrétions de ses proches glissées à la presse. « Il n’acceptera jamais », prévient encore l’un de ses fidèles, cité ce dimanche par l’AFP.
« Zone de confort »
Or, la proposition faite par Olivier Faure est claire : une cohabitation en bonne et due forme, en préservant toutefois le domaine réservé du chef de l’État, sur la défense et l’international. « Je veux un gouvernement de gauche qui soit un gouvernement de cohabitation. Et qui ensuite passe devant le Parlement, et c’est le Parlement qui dispose », a répété le premier secrétaire du PS ce dimanche dans l’émission Dimanche en politique sur France 3.
Dit autrement : hors de question de participer à une formule qui ferait de la place à des ministres macronistes ou LR, façon union nationale ou élargissement du bloc central. « Je suis contre toute confusion. Je ne veux pas un gouvernement qui serait en même temps les uns et les autres, nous sommes différents », a-t-il poursuivi. Problème : Emmanuel Macron ne l’entend pas de cette façon, persistant à vouloir piocher un candidat « dans sa zone de confort ».
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Ce qui, mécaniquement, écarte l’option PS qui, en écartant LFI, ne pourrait compter que sur 121 députés. D’autant que cette solution comporte un autre risque pour Emmanuel Macron : le départ des Républicains du « socle commun ». Une réaction automatique confirmée ce dimanche par Bruno Retailleau. « Il est hors de question, comme vous le savez, qu’on accepte demain qu’un Premier ministre socialiste soit nommé à Matignon », a insisté le président des Républicains ce dimanche, laissant planer le doute sur une éventuelle censure d’un gouvernement qui serait dirigé par la gauche.
Après plusieurs années de drague lourde pour arrimer l’ex-UMP aux côtés du bloc central, on imagine mal Emmanuel Macron sacrifier tant d’efforts pour s’assurer une stabilité jusqu’à la fin de son mandat. Qui plus est pour nommer une équipe gouvernementale prête à liquider le logiciel économique du macronisme et alors que l’essentiel de ses troupes au Palais Bourbon penche franchement à droite.
Mais alors, pourquoi cette offre de service malgré tous ces obstacles ? « Notre ligne est claire, c’est de montrer à Emmanuel Macron et aux Français que nous sommes une alternative à cette crise. La suite lui appartient », résumait dans la semaine un député PS sondé par Le HuffPost. Comprendre : l’essentiel est surtout de se montrer en capacité d’y aller, en dépit du refus macroniste de voir la gauche revenir au pouvoir.
Résultat, ce sont (encore) les mêmes noms qui reviennent, selon les informations de La Tribune dimanche. À savoir donc Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin ou encore Catherine Vautrin. Trois nuances de droite pour un retour à la case départ. Loin de la gauche et de ses envies de taxer les plus fortunés pour résorber le déficit, mais très proche de ce qu’ont proposé avant eux François Bayrou et Michel Barnier. Avec le succès que l’on connaît.