Sur la place de la Providence à Marseille, c’est l’une des dernières assemblées avant le 10 septembre, et ça se sent : il y a du monde, et une tension palpable. Depuis début août, les « AGs du 10 » ont vu leur participation doubler chaque semaine, tant et si bien que des assemblées de quartiers (Nord, Blancarde, Centre-Ville, Est) se sont créées pour permettre à chacun de s’organiser.
Ce mercredi soir, plus de 300 sont présentes. L’objectif : préparer le 10 septembre et ses blocages, soutenir les piquets de grève, coordonner les actions et anticiper la répression. Les prises de parole portent sur les remontées des assemblées de quartiers, les actions récentes (tractages, collages), la création d’un « village militant » et la manifestation prévue à 10h à Réformés.
Au cœur des discussions aussi, la colère face au projet austéritaire de Macron-Bayrou et le rejet d’institutions jugées antidémocratiques. Mais au-delà du constat, c’est la détermination qui marque les débats : nombreux sont ceux qui affirment leur volonté de prolonger la mobilisation bien au-delà du 10 septembre, pour dépasser la mobilisation initiale. Tous appellent à la démission d’Emmanuel Macron, dénoncent l’échec du dialogue social et plaident pour une stratégie plus radicale.
Parmi eux des gilets jaunes historiques, des militants de gauche impliqués dans les derniers mouvements sociaux, des collectifs de soutien aux exilés – en particulier au collectif de jeunes mineurs non-accompagnés Binkadi – mais aussi des militants politiques (France Insoumise, NPA-A, NPA-R, Révolution Permanente).
La température monte du côté du monde du travail
Rapidement l’assemblée se sépare en plusieurs petits groupes. Un des groupes est chargé de la construction du mouvement dans le monde du travail. Il réunit plus de 50 personnes. En ligne de mire, une température qui commence à monter dans le département dans plusieurs secteurs.
Les énergéticiens sont en grève reconductible depuis mardi 2 septembre et prévoient de participer à la mobilisation du 10 septembre pour exiger une augmentation des salaires mais aussi la baisse des tarifs de l’énergie, dont la TVA est passée de 5,5 % à 20 % début août.
Du côté de l’éducation, le lycée Saint-Exupéry dénonce des cas de répression syndicale et la suppression de dédoublements de classe en filière technologique, tandis que 80 à 90 % du personnel du collège Rosa Parks, l’un des plus pauvres du département, est en grève contre la suppression d’un poste d’assistante sociale.
D’autres secteurs ont annoncé rejoindre la mobilisation le 10 septembre : la SNCF (Sud Rail), les centres des impôts et de la Sécurité sociale, la Prévention sécurité et la Sûreté aéroportuaire (CGT Commerce Services) et le secteur de l’animation, qui mettra en place des garderies lors de la manifestation du 10. Des travailleurs de la culture évoquent également la confection de fanzines et l’organisation d’une kermesse en soutien aux grèves lors de la journée du 10.
Au sein du groupe de travailleurs, plusieurs idées et propositions sont discutées. Certains se rendront dès le lendemain sur le piquet des énergéticiens, d’autres proposent d’informer et d’accompagner les travailleurs isolés, notamment dans les assurances et le marketing agroalimentaire.
Une perspective prometteuse qui devra s’accompagner de la constitution d’un programme pour répondre à la crise sociale, politique et démocratique. C’est à cette condition et avec la grève et les méthodes de la lutte des classes que l’AG marseillaise et les AG partout en France pourront rassembler plus largement encore et organiser la colère contre Macron et son monde.