Jamais le nom de Pasquale Paoli n’avait été inscrit sur une rue, une avenue ou un quai sur le Continent. « Désormais, Pasquale Paoli est sur une autre île, l’île de la Cité », se réjouit la maire de Paris, Anne Hidalgo, en soignant sa prononciation lors de l’inauguration de la nouvelle dénomination du Quai de la Corse, ce samedi 6 septembre à Paris.

Des élus insulaires, dont Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis, ont fait le déplacement pour l'inauguration du Quai de la Corse-Pasquale Paoli, aux côtés notamment de la maire de Paris, Anne Hidalgo.Des élus insulaires, dont Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis, ont fait le déplacement pour l’inauguration du Quai de la Corse-Pasquale Paoli, aux côtés notamment de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Charlotte Larroche-Palmeri

Un pupitre, des fleurs, et un portrait du « Babbu di a Patria » sont installés au-dessus de la Seine, accueillant les élus de la mairie de Paris, le président de l’exécutif de Corse Gilles Simeoni, la présidente de l’assemblée territoriale Marie-Antoinette Maupertuis, et la conseillère exécutive Bianca Fazi.

Résultat d’un vœu formulé par l’ancien conseiller de Paris Jean-Jacques Giannesini en octobre 2019, soutenu par l’ancien conseiller de la maire de Paris Serge Orru, et voté à l’unanimité par le conseil municipal, « Pasquale Paoli, homme politique et général corse » se glisse enfin officiellement sur le quai baptisé une première fois en 1929.

« C’est une figure qui faisait l’unanimité, analyse Jean-Jacques Giannesini. Anne Hidalgo a été touchée par ses valeurs, c’est un des premiers hommes politiques à avoir accordé le droit de vote aux femmes ! »

Rendre hommage à l’homme des Lumières

Au fil de leurs discours, les figures politiques ont enchaîné les hommages. « La Ville de Paris accueille en son sein cet homme des Lumières qui s’est battu pour la liberté des peuples », proclame Ariel Weil, maire de Paris Centre. 

Pourquoi avoir accordé cette place à Pasquale Paoli ? « C’est la figure du peuple corse, mais c’est aussi une figure de courage, d’engagement… répond Anne Hidalgo. Quoi de mieux que d’ajouter le nom de Paoli au Quai de la Corse ? C’est une façon non pas de réécrire mais de prendre l’histoire dans ce qu’elle a de précis et de juste. »

Tous mentionnent l’œuvre de Paoli, tant à l’échelle insulaire qu’internationale, tandis que Marie-Antoinette Maupertuis, souligne dans son discours le « caractère contagieux et émancipateur » de l’homme des Lumières. Bianca Fazi la rejoint, en rappelant « son engagement pour une société plus juste, alors très en avance pour son siècle. »

« Cet hommage était le moment idéal pour présenter notre projet, car ce quai est notre endroit pour les juristes : il y a le tribunal de commerce, notre maison du barreau et le tribunal de la Cité », situe à son tour Me Marie-Hélène Fabiani, présidente de l’Association des Corses du Palais – venus nombreux à la cérémonie, qui en profita pour inaugurer une version corse du Serment d’avocat mis en page par l’Indéprimeuse.

Le Dio vi salvi Regina entonné à la clôture de la cérémonie

« On voit bien qu’on n’est pas dans un discours de convention, on a ressenti un profond respect et une volonté d’échange, analyse Gilles Simeoni. Il y a un vrai attachement à la Corse, au peuple corse, à son histoire et à ses aspirations. C’est une leçon d’optimisme, j’y vois la preuve qu’il y a un chemin », conclut le président de l’exécutif, en référence au processus d’autonomie de la Corse. 

« C’est un moment très fort sur le plan symbolique, il y a beaucoup d’émotion à l’aune du tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli, constate Marie-Antoinette Maupertuis. C’est une reconnaissance de notre différence et de notre attachement à la République. Dans le contexte actuel global et européen où il y a tant de défis, qu’une institution parisienne et une institution corse se rapprochent, ça envoie un signal très fort. » A l’image du moment de communion où élus insulaires et parisiens se mirent à entonner le Dio vi salvi Regina, en guise de clôture de cette célébration du Quai de la Corse – Pasquale Paoli.