Au fil des mois, de nombreux freelances ont constaté un retournement inattendu. Ceux qui avaient vu leurs missions disparaître au profit des logiciels d’IA se sont à nouveau retrouvés à nouveau sollicités. Les entreprises ont réalisé que la technologie ne suffisait pas pour produire un résultat final satisfaisant. Des rédacteurs se sont remis à réécrire des textes générés par l’IA, les illustrateurs à retoucher des images et des développeurs à corriger des applications instables.
Kiesha Richardson, rédactrice indépendante, a accepté des missions qu’elle aurait refusées auparavant. « J’ai des collègues qui refusent catégoriquement de travailler avec l’IA. Mais moi, je me dis : « J’ai besoin d’argent. Je prends le contrat » ». Pour elle, la moitié des commandes provenaient de clients demandant de peaufiner ou de réécrire des articles que l’IA avait produits et qui « n’avaient absolument pas l’air humains ». Chaque texte exigeait non seulement des corrections de style et de vocabulaire, mais également des recherches supplémentaires pour compléter les informations insuffisamment détaillées.
Dans le milieu artistique, même scénario de retournement. Todd Van Linda, illustrateur et dessinateur de bandes dessinées en Floride, a reçu des demandes similaires. Les clients voulaient qu’il corrige les images générées par l’IA ou qu’il crée des illustrations conformes à leur vision. « Je peux regarder un texte et savoir qu’il a été généré par l’IA, mais aussi quel descripteur a été utilisé », explique-t-il. Certains auteurs indépendants refusaient tout contact avec l’IA, considérant le rendu trop stéréotypé. Todd Van Linda a choisi de se concentrer sur les projets originaux plutôt que sur la simple correction, car « corriger ces images demandait plus de travail que de repartir de zéro et de faire les choses correctement ».
Même dans le codage, les clients ont compris que payer un développeur humain pouvait éviter des maux de tête. Harsh Kumar raconte que ses clients avaient investi dans des outils de « vibe coding » qui avaient échoué à produire un code fiable. Il a dû reconstruire des chatbots et des systèmes de recommandation qui plantaient ou divulguaient des données sensibles. « L’IA peut accroître la productivité, mais elle ne peut pas remplacer totalement l’humain », affirme-t-il avant d’ajouter qu’« au final, ce sont les humains qui ont développé l’IA ».
Les plateformes confirment la tendance de la demande pour le travail humain. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs livré des chiffres précis sur ce grand retour de l’homme au secours de la machine. Upwork a noté une progression constante des missions complexes. Selon Fiverr, on observe une hausse de 250 % pour la conception web et l’illustration. Freelancer a signalé un intérêt marqué pour la rédaction de contenu engageant et les tâches créatives plus spécialisées. Un sursaut qui montre heureusement, que, même après l’automatisation, la demande pour des compétences humaines n’a pas diminué et que les freelances capables de travailler aux côtés de l’IA continuent de trouver des opportunités.