Elle en a les yeux qui pétillent ! « Mission accomplie », exulte Nicole Lestarquit en raccrochant le combiné. Quelques secondes plus tôt, cette ancienne directrice à la retraite venait d’annoncer à la principale d’un collège que, dès lundi, une nouvelle professeure sera bien présente pour assurer les cours de lettres modernes, en remplacement de la précédente, partie en congé longue maladie juste avant la rentrée.
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Et le soulagement, ici, est plus que de rigueur. S’agissant d’un établissement situé en pleine zone rurale, dans une petite commune sarthoise d’à peine 2 000 habitants, dégotter une suppléante relevait de la gageure ! « On regarde beaucoup Mappy, pour ne pas envoyer les gens à deux heures de route », précise Nicole Lestarquit. Or là, miracle, la jeune diplômée qui venait de déposer sa candidature sur la plateforme de l’académie n’habite qu’« à 19 minutes » de sa première affectation ! Ne restait alors plus qu’à faire « matcher » l’offre et la demande.
C’est tout l’objet de ce dispositif, lancé comme chaque année durant la deuxième quinzaine d’août et qui, jusqu’au 26 septembre, va se charger de combler les manques constatés dans les équipes pédagogiques des collèges, lycées, classes préparatoires et BTS de la région, que ce soit pour une poignée d’heures de cours dans une matière précise pendant quelques semaines ou pour un temps complet à l’année. De fait, la cellule (il y en a dans tous les rectorats) constitue un baromètre plutôt précis du taux d’abstention.
« Seulement 26 postes vacants »
Et à cet effet, l’académie de Nantes, qui couvre les cinq départements des Pays de la Loire (Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Vendée, Mayenne et Sarthe), est relativement privilégiée puisqu’elle est la deuxième la plus attractive de France la Bretagne, avec quelque 18 000 titulaires et contractuels. « Nous avons très peu de postes vacants, seulement 26 », se félicite Frédérique Simon, responsable de la division des personnels enseignants du second degré dans le public pour la région. On est loin, ici, des chiffres publiés jeudi 4 septembre par le syndicat majoritaire Snes-FSU faisant apparaître au moins un prof manquant dans 55 % des établissements publics en France.
Il faut dire qu’au téléphone, à l’instar de Nicole Lestarquit, les directeurs retraités se plient en quatre pour trouver des solutions à leurs anciens collègues chez qui ils cernent parfaitement les inquiétudes pour les avoir déjà vécues. « Il m’est, moi aussi, arrivée d’appeler cette cellule, on avait des réponses, pas toujours immédiatement, mais on savait qu’on était entendu. Quand on est sur le terrain, c’est rassurant », confirme Dominique Bellanger, ancienne cheffe d’établissement.
Surtout, tous parlent le même langage, voire se connaissent très bien. « Je comprends leur stress, poursuit Christophe Tellier, qui a exercé en Loire-Atlantique. Certains sortent d’une réunion parents-professeurs où ils ont pu avoir des questions un peu dérangeantes. » Parfois, l’impatience met les nerfs à rude épreuve, comme cette proviseure qui raconte avoir « reçu un mail d’une maman disant qu’elle cherchait elle-même de son côté un prof », pensant que le collège n’était pas assez actif sur le dossier. Heureusement, la situation a été gérée par le rectorat lui-même comme la majorité des cas. « Notre objectif est de régler la situation le plus vite possible, ça peut même se faire dans l’heure », affirme Frédérique Simon.
201 suppléants trouvés durant la première semaine
Une fois le profil identifié, la mission n’est pas finie pour autant. Le travail peut s’apparenter à de la dentelle, notamment lorsqu’il s’agit d’un candidat effectuant déjà des remplacements dans d’autres structures. « J’ai eu le cas d’un collège où il manquait quelqu’un pour 3 heures d’histoire-géographie par semaine et, en face, j’avais un contractuel pressenti qui donnait déjà 9 heures de cours ailleurs, reprend Christophe Tellier. Nous avons donc mis en lien les deux directeurs qui se sont accordés pour faire coïncider leurs emplois du temps. Nous sommes des facilitateurs. »
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Ils sont surtout des intermédiaires qui travaillent en direct avec les gestionnaires du rectorat, chargés de traduire ces requêtes en contrats, mais aussi avec d’autres intervenants qui, eux, réceptionnent les appels des professeurs tout juste nommés ou en attente de poste. « On s’occupe de répondre aux questions de ceux qui viennent d’avoir le concours par exemple et ne connaissent pas encore leur affectation, ou pour avoir des informations sur le défraiement des frais kilométriques, récapitule Pauline Aschard, en reconversion professionnelle se destinant à l’enseignement. Et quand on entend qu’il y a un besoin dans une discipline et qu’on a échangé avec un contractuel encore disponible, on peut faire l’interface comme ça. »
Le rectorat de Nantes, qui peut s’appuyer sur un vivier d’environ 2 000 enseignants encore sans classe, a réussi à honorer 201 demandes de remplaçants sur la première semaine de rentrée. Une donnée stable par rapport à l’an dernier.
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