Plus une miette de thon dans les cantines… C’est le nouveau mot d’ordre dans les réfectoires de Montpellier et de sept autres villes de France (Bègles, Grenoble, Lille, Lyon, Mouans-Sartoux, Paris et Rennes).

Cette décision fait suite à l’étude de l’association Bloom, révélant l’ampleur de la contamination du thon au mercure, publiée il y a pile un an. « L’association nous a contactés, parce qu’on était déjà dans cette logique d’amélioration de la qualité des produits servis, tant en termes de santé que de respect du bien-être animal, de l’environnement et de la biodiversité… », explique Marie Massart, adjointe en charge des questions alimentaires.

Étrangement, la réglementation européenne autorise un taux de mercure trois fois plus élevé pour cette espèce (1mg/kg), que pour d’autres produits de la pêche, type crustacés (0,3mg/kg). Or une fois ingéré, ce neurotoxique peut se loger dans le cerveau et avoir des effets néfastes. La documentation scientifique est claire, et évoque un impact inquiétant sur le développement neuronal des plus jeunes : baisse de QI, troubles neuromoteurs, troubles du comportement, troubles de la mémoire, etc.

Dès le jeudi 29 août, le ministère de l’Agriculture a tenté d’éteindre l’incendie via un court message adressé à la presse : « Aucune défaillance sanitaire relative au respect des teneurs maximales réglementaires dans le thon n’a été identifiée par les services de l’État, ni remontée par les professionnels dans le cadre des autocontrôles », a-t-il écrit. Mais pas de quoi rassurer l’ONG et les élus engagés dans la fronde.

« Il est totalement à côté de la plaque, déplore Marie Massart. Nous, on demande justement à ce que la réglementation évolue. Évidemment, cela aura des conséquences sur les industriels. Mais soit on privilégie l’économie, soit la santé des enfants… Je suis une élue écologiste, je ne transige pas avec ça. »

Selon elle, en réalité, Montpellier n’en servait déjà quasiment plus dans ses cantines. « Depuis 2021, on ne sert du poisson qu’une fois par semaine, mais plus du tout de thon… Sauf dans les pique-niques froids qui étaient prévus en cas de panne. Mais quand Bloom nous a proposé de porter ce plaidoyer, et de mettre la pression au gouvernement et aux industriels, on s’est dit que c’était une bonne occasion d’aller au bout de la démarche. »