En 2026, l’invention de la photographie célébrera son bicentenaire.L’occasion pour les deux associations, via Le Mur Rouge de regarder, en amont, dans le rétro avec des expos et conférence.

À l’heure des clichés instagramables, labiles, périssables et sans âmes c’est en regardant dans le rétroviseur que se découvre la longue et l’épatante évolution de la photographie. Ce procédé qui, l’an prochain, fêtera son bicentenaire.

Pour les membres des associations Grain d‘Image et Objectif Image Montpellier, adossées au Mur Rouge – havre du savoir photographique populaire des rues contigues Charency et Colbert – l’occasion était trop belle. Ces amateurs éclairés d’images matricielles comme celles révélées par l’halogénure d’argent ont donc décidé la tenue de deux expositions et d‘une conférence.

L’archaÏsme, sa doucereuse
et rassurante poésie aux cimaises

La première, Holga’titude, depuis ce 3 septembre et jusqu’au 18, est celle de Pierre Soyer. Qui s’est amouraché des Holga, ces appareils – presque des jouets, sorte de 6 x 6 – fabriqué dans l’Empire du milieu, entre le début des années 80 et 2015. Lesquels permettent au découvreur, pupille collée à l’œilleton, de pratiquer une photographie “archaïsante”. Et l’acceptation allant avec cette erreur dans la mise au point de son sujet qui donne son relief au cliché final.

Pratiquer le Holga ou la Lomography, c’est enfin refuser la photo stéréotypée. Celle-ci ne se satisfaisant que de beau et de piqué Quitte à laisser dans la chambre noire toute l’émotion de la prise de vue, la poésie de son instantané.

Pour cela, Pierre Soyer a sélectionné vingt-cinq plaques, dont certaines tirées en 40 x 50 cm donnant des résultats positivement surprenants. C’est, encore, l’occasion d‘emprunter l’un des nombreux chemins pour expliquer l’évolution de cet art visuel majeur.

C’est enfin prendre le contrepied du tout numérique qui a sacrifié une certaine authenticité sur l’autel de la performance à tous crins. À l’instar d’un fichier MP3 face aux doux craquetis d’une galette de silice glissant langoureusement à l’effarante vitesse de trente-trois tours (et un poil plus) à la minute.

Du 1er au 18 octobre, l’œil curieux poursuivra sur cette voie avec Et Après !, la nouvelle itinérance ophtalmique de Jean-Michel Verdan, autre membre éminent et actif d’Objectif Image.

« C’est un peu un parcours revisité
de l’Histoire de la photo »

De quoi parle cette fois-ci le Baux-artien qui ne se départit jamais de son boîtier ? « C’est un peu un parcours revisité de l’Histoire de la photo. Avec des images clés, j’ai tenté de m’en approcher », développe Jean-Michel Verdan.

Tel les éclats d’un flash qui crépite, celui qui est également un formateur à la prise de vue convoque ici l’école de Düsseldorf, socle de la prise de vue moderne, le Poivron d’Edward Weston, (pour, là, expliciter l’aseptisation de la Société mais également de la photo) ou encore Le Baiser de la Comédie, déclinauison clapasienne d’un certain cliché de Robert Doisneau car, présentement, prise (elle) sur le vif.

Une exposition qui servira également de prélude à un accrochage dont l’intitulé Et Avant ? doit former une suite logique, dans le courant de 2026. Cela dans le droit fil d’une exhibition d’appareils photographiques démontrant, lors d’une conférence donnée le 13 septembre à 18 h au Mur Rouge, les tournants techniques et technos, d’un matériel en perpétuelle évolution. Dont ce tout premier boîtier gavé aux pixels : quatre millions pour être exact.Mâtin, quelle définition ! Et dont la sollicitation demandait un tantinet de placidité à son propriétaire avant de pouvoir déclencher.

À l’instar de l’allumage des turbines de ces surannés chasseurs soviétiques. Autres reliquats d’une même époque où se regarder en chiens de faïence était l’assurance d’une paix, finalement, acceptable.