Rien n’est joué, rien n’est encore gagné, mais les salariés de NovAsco Saint-Etienne (ex-Ascométal) sont probablement venus travailler, ce lundi matin, le cœur un peu moins lourd. Une lueur d’espoir brille depuis vendredi, date butoir fixée par le tribunal de commerce de Strasbourg : au moins un repreneur s’est dit intéressé par l’usine stéphanoise et a déposé une offre de reprise préliminaire.

Il s’agit du groupe français Europlasma, spécialiste du traitement et de la valorisation des déchets dangereux et, ces dernières années, de la fabrication de munitions. C’est lui qui a, notamment, repris les Forges de Tarbes ou encore, au printemps dernier, la Fonderie de Bretagne.

« Une lueur d’espoir mais pas une grande lumière »

Les représentants syndicaux sont néanmoins loin de crier victoire et restent sur leurs gardes : Europlasma présente un profil fragile, il avait lui-même frôlé la liquidation il y a quelques années. « Nous savons qu’ils sont fragiles mais quand c’est ça ou rien… » soupire Loïc Devis, le secrétaire CFDT du CSE NovAsco Le Marais. « Il est certain que nous allons être vigilants. L’offre de reprise d’Europlasma est une lueur d’espoir mais pas une grande lumière ».

Il faut dire qu’au début de l’été, alors que NovAsco, spécialiste des aciers à haute valeur ajoutée pour l’automobile principalement et la Défense, avait ouvert une procédure de conciliation, l’intersyndicale CFDT-CGT-CFE CGC craignait que seul le site de Dunkerque ne figure dans le viseur de potentiels futurs acquéreurs, site qui a bénéficié récemment d’une lourde modernisation.

« Nous battre pour que le maximum de postes soient sauvés »

Europlasma s’est également positionné sur les sites de Dunkerque et de Custines (Meurthe-et-Moselle). Mais pas pour l’usine d’Hagondange (Moselle), qui emploie 450 des 750 salariés du groupe. « C’est une mauvaise nouvelle, nous espérons qu’une solution sera trouvée pour eux aussi », souffle Loïc Devis.

À Saint-Etienne, l’offre d’Europlasma concernerait 32 des 37 salariés actuels. « Nous ne sommes pas à 100 % de reprise des salariés mais les offres peuvent être améliorées jusqu’au 23 septembre, j’ai bon espoir. Nous allons nous battre pour que le maximum de postes soient sauvés », précise le représentant CFDT. Des rencontres sont prévues dans les prochains jours.

Ici, NovAsco fait du parachèvement, c’est-à-dire la finition des barres de métal produites par l’aciérie du groupe. L’essentiel de l’activité est réalisé pour le compte de l‘équipementier automobile Jtekt, à Lyon, à qui l’entreprise stéphanoise fournit 10 000 à 12 000 crémaillères de direction par jour. Selon le représentant syndical, ce client se serait engagé à poursuivre ses commandes auprès d’Europlasma.

Deux autres offres encore incertaines pour Saint-Etienne

À l’heure actuelle, Europlasma est le seul à s‘être positionné clairement sur une reprise de Saint-Etienne. Néanmoins, d’autres pourraient venir le concurrencer. Une offre préliminaire a ainsi été déposée officiellement au Tribunal de commerce, celle du groupe Métal Blanc. Elle ne concerne actuellement que le site de Dunkerque mais Métal Blanc se dirait prêt à élargir son offre à l’ensemble des sites actuels de NovAsco, à condition de disposer d’un délai supplémentaire.

Par ailleurs, selon nos informations, le groupe industriel lyonnais ACI (1 500 salariés dans une quarantaine de PME/ETI) qui a déjà repris une dizaine d’entreprises ligérienne de la métallurgie serait aussi sur les rangs. Pas d’offre précise pour le moment, mais le groupe dirigé par Philippe Rivière a transmis une lettre d’intention pour faire valoir son intérêt pour les sites de Saint-Etienne, de Custines et de Dunkerque. Une offre précise pourrait être présentée dans les prochains jours.

Le Tribunal de commerce se prononcera le 25 septembre

Après le process de construction et d’amélioration des offres, qui se clôturera le 23 septembre, le Tribunal de commerce devra choisir le 25 septembre entre les différents repreneurs. Il pourrait aussi décider de prolonger le sursis accordé à NovAsco, afin de permettre à d’autres investisseurs de proposer une offre plus favorable aux salariés et aux créanciers de l’entreprise. À cet effet, Gaël Perdriau avait d’ailleurs sollicité le ministre de l’Industrie, il y a dix jours à l’occasion de sa venue chez Verney-Carron, pour l’octroi d’une aide publique de 10 millions d’euros qui permettrait d’allonger le délai accordé aux potentiels repreneurs.

Selon le cabinet du ministre de l’Industrie, la trésorerie de NoVaco est très dégradée et affiche un besoin de plus de 200 millions d’euros… L’entreprise avait pourtant bénéficié d’un prêt FDES de l‘État de 90 millions d’euros il y a un an, à l’occasion de sa reprise par le fonds de retournement britannique Greybull. Selon le cabinet de Marc Ferracci, Greybull n’aurait pas respecté ses engagements, « sa responsabilité pourra à ce titre être recherchée ».

En attendant, les salariés stéphanois de NovAsco sont à la tâche et continuent de livrer leurs clients. Symboles d’une résilience certaine, ils en sont à leur quatrième redressement judiciaire depuis 2014…