Sur les réseaux, ils s’affichent cagoulés, enflammant une carcasse de voiture et scandant leur nom : «TMF !» La «Toulouse Mafia Family 31» fait le buzz.

« Ici c’est TMF ! » La clameur résonne dans une vidéo tournée de nuit, tandis que des flammes dévorent la carcasse d’une voiture. Plusieurs jeunes, le visage masqué, se mettent en scène, cocktails Molotov à la main, et revendiquent l’étiquette tapageuse de «Toulouse  Mafia Family 31». Depuis quelques jours, ce nom circule abondamment sur les réseaux sociaux. Mais entre fascination et inquiétude, s’agit-il d’un groupe organisé en quête d’emprise, ou d’une poignée d’adolescents cherchant à se bâtir une réputation dans l’arène numérique ?

Les images publiées rappellent certaines mises en scène observées ailleurs en France, où des bandes s’inventent une identité mafieuse à coups de slogans et de pyrotechnie. Ici, l’imagerie se veut brutale avec des incendies mais surtout des menaces implicites. Pourtant, à l’écoute des vidéos, un détail frappe : le timbre des voix, aigu, juvénile. La prétendue «mafia » s’apparenterait donc davantage à une bande de jeunes désireux d’exister qu’à une structure criminelle aguerrie.


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Selon La Dépêche, des actes d’intimidation ont néanmoins été rapportés. Des habitants auraient reçu des menaces, au point que certains auraient déménagé. Mais la matérialité des faits reste ténue. «Aucun service de police ne s’est officiellement saisi de l’affaire à Toulouse», souffle une source policière. Et si des victimes sont évoquées, «aucune plainte n’a été déposée», poursuit la même source, soulignant ainsi le caractère encore incertain de ce phénomène.

L’ombre de la «Baby Mafia» ?

Ce n’est pas la première fois que Toulouse se trouve confrontée à un phénomène dites de «Mafia».

Depuis 2024, une «Baby Mafia» avait fait parler d’elle dans la Ville rose, regroupant des jeunes adolescents désireux de se forger une aura de caïds. «Je les connaissais bien, c’étaient des jeunes de 12 à 14 ans qui s’ennuyaient et faisaient des conneries de gamins, rien de bien méchant», explique un commerçant du quartier toulousain des Minimes où le groupe sévissait. Elle s’était spécialisée dans les extorsions et les vols à l’arraché. Ce gang de mineurs multirécidivistes avait tout de même fini par attirer l’attention de la justice. La comparaison s’impose donc : assiste-t-on à la répétition d’un scénario connu ? La différence semble frappante. La «Baby Mafia» agissait dans la rue, sans chercher à orchestrer sa propre publicité. La «Toulouse Mafia Family», au contraire, semble fonder son identité sur la mise en scène et la viralité.

Cette inflation du terme «mafia» témoigne moins d’une véritable infiltration criminelle que d’une stratégie d’intimidation. Le mot, lourd d’imaginaire, est sans doute devenu un étendard brandi par des bandes en quête de reconnaissance. Dans le Sud, la référence résonne avec la « DZ Mafia  », plus connue et solidement enracinée dans certains trafics. Mais à Toulouse, pour l’heure, le décor semble l’emporter sur la réalité.

«Pas véritablement inquiétant»

Autrement que «de façon officieuse», «ces faits n’avaient pas été portés à ma connaissance et ne correspondent à aucune plainte. En l’état, cela ne me paraît pas forcément être véritablement inquiétant», confie David Charmatz, procureur de la République de Toulouse.


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Pour l’heure, la «TMF» demeure donc une énigme : quelques vidéos spectaculaires, mais des actes encore flous.

Sur les réseaux sociaux, les commentaires se divisent entre les personnes inquiètes et celles plus réalistes : ««Il faut les trouver et les neutraliser jusqu’au dernier», explique l’un. «Je n’en ai jamais entendu parler, pourtant j’habite au Mirail (NDLR : quartiers situés dans le sud-ouest de Toulouse)», affirme un autre.

Sur le terrain, cela se confirme. Sur 5 commerces joints par téléphone, 2 seulement ont entendu parler de cette soi-disant mafia sur les réseaux sociaux. Sans dramatiser le contexte : «Sur la vidéo, ils brûlent des voitures mais qui ne dit pas qu’elles étaient à la casse ?», affirme le propriétaire d’un bureau de tabac avant qu’un autre commerce continue : «Poser des douilles dans des boîtes aux lettres, tout le monde peut le faire».

Pour l’heure, la police se veut donc pragmatique. «Ce sont seulement des jeunes qui s’inventent une vie sur les réseaux», estime notre source policière, avant de nuancer : «Mais si ça continue, je pense qu’on sera chargé de l’affaire».