Publié le
8 sept. 2025 à 19h43
Le miracle n’a pas eu lieu au Palais Bourbon. Après le large vote contre la confiance à François Bayrou et le lourd échec du chef de gouvernement face aux députés, Sébastien Vincini livre sa toute première réaction à Actu Toulouse.
Le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, par ailleurs secrétaire national en charge de la coordination à la transformation du Parti socialiste, estime qu’il est temps de « changer de cap » et appelle officiellement Emmanuel Macron à « essayer la gauche ». Interview.
« François Bayrou a lui-même précipité sa chute
Actu : Que vous inspire la décision des députés, qui ont, sans surprise, décidé de ne pas voter la confiance à François Bayrou et de faire tomber le gouvernement ?
Sébastien Vincini : « Je considère que François Bayrou s’est mis dans une impasse politique et a lui-même précipité sa chute, en voulant imposer un budget profondément injuste, stigmatisant ceux qu’il appelle les « boomers », les chômeurs, les malades, les salariés précaires…
Et après avoir passé presque deux mois à procrastiner, il a choisi une forme de passage en force. Mais au regard des réponses apportées face aux difficultés du pays et à la méthode choisie, les socialistes et la gauche en général ne pouvaient que refuser de lui accorder leur confiance ».
Quelles solutions voyez-vous à cette « impasse politique » ?
S.V. : « J’ai entendu les colères tout l’été, et je comprends les craintes. Il est temps de répondre à ces problèmes. Il faut un changement de cap et de méthode. Il est temps d’essayer la gauche.
Le président doit nommer un Premier ministre de gauche et des écologistes. Le Parti socialiste a formulé des propositions sincères pour un budget plus juste, en mettant notamment à contribution ceux qui ont vu leurs moyens exploser depuis huit ans grâce aux cadeaux fiscaux ».
Emmanuel Macron ne doit plus tergiverser, le pays ne peut plus attendre de crise supplémentaire.
Sébastien Vincini
Président (PS) du Conseil départemental de la Haute-Garonne
« Les socialistes sont prêts à gouverner »
En quoi un gouvernement de gauche s’en sortirait mieux que les précédents ?
S.V. : « Nos propositions sont sérieuses, en divisant par exemple par deux l’effort demandé (par rapport au gouvernement Bayrou, NDLR), on prévoit 23 milliards d’euros d’économie au lieu des 44 envisagés, tout en investissant fortement dans la relance économique, car nous sommes conscients qu’on ne peut pas accroître encore les déficits publics.
Les socialistes sont prêts à gouverner. On propose une autre méthode, qui passe par le dialogue avec le Parlement, les partenaires sociaux et les collectivités territoriales. Et on refusera de recourir au 49.3 en allant chercher des consensus, pour approuver la taxe Zucman par exemple ».
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Qui voyez-vous comme nouveau Premier ministre ?
S.V. : Quelle personnalité ? C’est à Emmanuel Macron de la trouver. En tant que responsable du Parti socialiste et président du Conseil départemental, je n’entrerai pas dans le name dropping, car sitôt qu’on sort un nom, il est déjà étrillé par la plupart des gens…
Ce n’est pas une question de nom, mais d’orientation, qui doit être beaucoup plus juste. C’est un enjeu de ligne politique et de méthode.
Sébastien Vincini
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« Un avatar de Bayrou ou un clone de Barnier, personne n’en veut ! »
Le nom de votre ami Olivier Faure circule avec insistance… Qu’en dites-vous ?
S.V. : « Olivier Faure est le premier secrétaire de la principale force de gauche aujourd’hui. C’est légitime qu’il circule. Il s’est dit prêt, mais ne fait pas de son nom un casus belli… Après, je le répète, je ne veux pas entrer dans ce jeu-là. C’est au président de la République de prendre ses responsabilités.
En 2024, tous les représentants de la gauche ont fait de la sérénade sous les fenêtres de l’Élysée : on a vu ce que ça a donné. Un avatar de Bayrou ou un clone de Barnier, personne n’en veut ! De notre côté, on refusera toute confusion ».
Qu’entendez-vous par là ?
S.V. : « Imaginer Olivier Faure et Bruno Retailleau dans un même gouvernement, ça n’existe pas… Nous sommes pour la clarté, donc pas de gouvernement d’union nationale.
Depuis 2024, il y a eu deux tentatives vaines de poursuivre la politique d’Emmanuel Macron, cela a mis le pays dans l’impasse. Alors, je le redis : il est temps d’essayer la gauche ».
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