« Combien d’animaux ? J’en ai 200 000 », avait-elle répondu, non sans malice, à une Karine Le Marchand, interloquée. Perrine Doudin, candidate de la 18e saison de « L’amour est dans le pré » a annoncé dans un message publié samedi sur Instagram mettre en vente son élevage d’escargots, Helixine, situé à Flavigny-sur-Ozerain (Côte-d’Or), en Bourgogne.

« Je suis arrivé à bout physiquement. Je souffre beaucoup, cette année a été la pire, je pense », explique-t-elle à ses 32 000 abonnés du réseau social. L’agricultrice de 29 ans souffre de plusieurs pathologies dont la maladie de Crohn, maladie inflammatoire de l’intestin et d’endométriose. Dans ce court message, poignant, elle ajoute que sa mère a fait un AVC, ce qui l’empêche de l’aider à la ferme, comme elle le faisait auparavant.

Elle semble abattue, pleine d’amertume, quand on la contacte au téléphone ce lundi 8 septembre. « C’est un combat permanent, souffle Perrine. Les finances ne suivent pas. On n’est pas reconnu, on n’a pas d’aide, rien. Tout part vers la banque, elle me prend tout, je n’ai rien pour moi. »

Elle assure avoir cru, en début d’année, aux nouvelles aides promises par le ministère de l’Agriculture pour les agriculteurs en difficulté. « Mais ma banquière m’a dit que je n’étais pas éligible, alors que je suis persuadée que je réponds aux critères d’attribution. Cela m’aurait sauvé pour toujours », soupire celle qui ne se verse aucun salaire après six ans d’exploitation, sauf 200 euros une fois tous les trois mois environ.

Pourtant, ses gastéropodes, élevés en agriculture biologique, sont reconnus pour leur grande qualité, dans un secteur, les escargots de Bourgogne, où 95 % des produits sont importés des pays de l’Est. Elle fournit des chefs étoilés et la vente en ligne marche bien. Parmi ses clients, elle compte ainsi le « Clos du Cèdre », étoilé de Beaune ou encore Olivier Streiff, ancien candidat de « Top Chef ».

« Je ressens beaucoup d’amertume, de découragement »

Elle lance un cri de colère au nom de toute la profession. « La majorité des agriculteurs ne vivent pas bien, rappelle la jeune femme au caractère bien trempé, qui avait éconduit Firmin et Florian dans l’émission de M6. On n’est pas là pour s’enrichir, on aime ce qu’on fait. Mais les problèmes s’accumulent. Moi j’ai tout créé. Tout donné pour ma ferme, je n’ai pas de regrets. Je me suis battue pour faire de la qualité, ça devrait marcher et ça ne marche pas. C’est douloureux, je ressens beaucoup d’amertume, de découragement et j’ai le cœur serré ».

Elle a monté sa ferme il y a six ans sur une prairie en friche. Appris son métier, développé son réseau. Elle organise des visites dans sa ferme, des ateliers pédagogiques pour les adultes, les enfants. « On a fait les choses bien, on avait beaucoup d’espoir, assure-t-elle, en pleine saison de production des escargots. Ce métier me correspondait, je me sentais faite pour ça. »

Elle espère qu’un repreneur se manifestera et promet de l’accompagner. Elle compte aussi sur un coup de pouce d’Eva Longoria, qui lui avait rendu visite l’été dernier pour une émission culinaire de la chaîne CNN. Elle en veut à son réseau de banque, comptable, département, de la laisser tomber. « Les gens pensent qu’en tant que chef d’entreprise on est libre, mais on ne l’est pas, martèle-t-elle. On dépend de ce réseau. S’il ne suit plus, on peut vite couler. »