Un an après sa reprise par le fonds de retournement britannique Greybull, et l’obtention d’une aide de 85 millions d’euros de la part de l’État, l’aciériste français NovAsco et ses quelque 800 salariés, – spécialiste des aciers de haute technologie pour l’automobile et la défense notamment -, sont de nouveau au bord du précipice, pour la quatrième fois en dix ans. Avec un besoin de financement de l’ordre de 200 millions d’euros, selon l’entourage du ministre de l’Industrie, l’entreprise a été placée en redressement judiciaire mi-août après une procédure de conciliation infructueuse.

Le groupe dispose de quatre sites industriels implantés à Hagondange (450 salariés), Dunkerque (161 salariés), Custines (51 salariés) et Saint-Etienne (37 salariés).

Quatre candidats à la reprise de l’aciériste NovAsco

Les acteurs intéressés par une reprise, totale ou partielle, devaient se faire connaître avant le vendredi 5 septembre. Deux offres et deux lettres d’intention ont été présentées. Les deux premières émanent du groupe landais Europlasma et de l’industriel Métal Blanc. Les secondes du groupe industriel lyonnais ACI et de Greybull. Aucune d’entre elles ne s’est positionnée sur une reprise totale du groupe, et aucune n’intègre Hagondange et ses 450 salariés.

Une offre préliminaire et une lettre d’intention pour le site stéphanois

En revanche, à Saint-Etienne, dans la Loire, sur le site du Marais (le plus petit du groupe), les salariés ont pu pousser un ouf (relatif) de soulagement. L’offre d’Europlasma et par la lettre d’intention d’ACI intègre leur entité.

La taille et le positionnement stratégique du site leur laissaient craindre d’être, eux aussi, évincés de toute reprise. Jusqu’ici, durant la période de conciliation, seules des marques d’intérêt pour le site de Dunkerque et ses installations flambant neuves (au terme d’une récente et très importante modernisation) avaient en effet émergé.

NovAsco le Marais, spécialiste du parachèvement, travaille à 90% pour l’usine lyonnaise de l’équipementier japonais Jtekt. Elle fabrique pour son compte environ 12.000 crémaillères de direction par jour. Une forte dépendance représentant un facteur de fragilité certain dans un contexte tendu de l’industrie automobile. Le dit Jtekt ayant d’ailleurs annoncé, au printemps dernier, la suppression de 200 emplois en France.

Selon nos informations, Jtekt se serait néanmoins engagé auprès d’Euplasma sur un volume de commandes.

32 salariés pourraient être repris par Europlasma

« Europlasma propose la reprise de 32 des 37 salariés. Ce n’est pas si mal pour un premier tour de table. Nous avons bon espoir qu’on puisse sauver les cinq postes manquants d’ici la fin de la période consacrée à l’amélioration des offres, le 23 septembre prochain. C’est une lueur d’espoir, nous pourrions échapper au pire. Ce n’est pas une grande lumière mais pour l’instant, c’est ça ou rien… », observe Loïc Devis, secrétaire du CSE de NoVasco le Marais et membre du CSE central.

Si le représentant syndical reste si prudent, c’est parce que le profil d’Europlasma est fragile. L’acquéreur de la Fonderie de Bretagne avait lui-même frôlé la liquidation en 2019. En 2024, Europlasma a affiché une perte de 15,3 millions d’euros (pour un chiffre d’affaires de 42,5 millions d’euros). La forte activité actuelle des Forges de Tarbes (reprises en 2021), en raison de sa réorientation vers les obus, va néanmoins booster fortement le chiffre du groupe cette année.

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Le plan de match précis d’Europlasma pour l’usine stéphanoise n’est pas encore connu, ni le montant des investissements et financements associés. Il s’est également positionné sur Dunkerque et Custines.

Idem pour ACI, qui, à ce stade, a seulement déposé une lettre d’intention mais devrait proposer un plan de reprise d’ici à la clôture des offres. « Le délai fixé par le Tribunal est très court pour une reprise de cette ampleur », reconnaît le représentant syndical.

Un délai supplémentaire requis

Autre possibilité qui pourrait se profiler pour l’usine stéphanoise : l’industriel Métal Blanc, qui pour l’heure a déposé un projet de reprise uniquement pour Dunkerque mais a annoncé qu’il pourrait faire une offre globale à condition qu’un délai supplémentaire lui soit accordé.

Pour laisser justement plus de temps aux différents repreneurs de construire une offre solide, le maire de Saint-Etienne avait interpellé la semaine dernière Marc Ferracci, le Ministre de l’Industrie à l’occasion de sa visite de l’entreprise stéphanoise Verney-Carron. Il avait sollicité l’octroi d’une aide publique de 10 millions d’euros afin de prolonger la période d’observation et « éviter une liquidation judiciaire précipitée ».

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Le Tribunal de commerce de Strasbourg se prononcera le 25 septembre prochain entre les différentes offres finalisées ou sur une prolongation de la période d’observation.