Un polar envoûtant en eaux troubles ! Surface, dont 20 Minutes est partenaire, s’est imposé comme un des succès de la rentrée. La minisérie, adaptée du best-seller d’Olivier Norek, a battu un record en devenant le meilleur démarrage de l’histoire de la plateforme France.tv (6,5 millions de vidéos vues sans les visionnages en replay à ce jour). Le premier épisode de Surface a rassemblé 3,5 millions de téléspectateurs pour une part d’audience de 17,8 %, et le deuxième a réuni 3,3 millions de personnes (19,2 % de PDA) lundi dernier sur France 2.

Dans Surface, Laura Smet incarne une flic défigurée qui va plonger dans les abysses d’un sombre « cold case » d’un village aveyronnais. A l’occasion de la diffusion ce lundi des épisodes 3 et 4 à 21h10 sur France 2, Laura Smet raconte son expérience sur le tournage de cette minisérie, qui signe un retour réussi sur le petit écran.

Comment avez-vous fait connaissance avec votre personnage Noémie Chastain avec le roman ou le scénario ?

Avec le scénario. Slimane-Baptiste Berhoun (le réalisateur) m’a déconseillé de lire le livre avant – je ne l’avais pas lu – parce que c’est beaucoup plus dark et que Noémie est beaucoup plus défigurée. J’aurai pu être influencée. J’ai donc préféré rester sur le scénario. J’ai lu le roman après et effectivement, il avait raison.

Quelles ont été vos premières impressions ?

J’ai adoré. Ce personnage, assez sombre au début, s’ouvre progressivement. C’est une série sur l’acceptation et la résilience. Noémie est un personnage très fort. J’ai beaucoup aimé l’histoire où elle se réapproprie son identité. Noémie est quelqu’un de vrai. Elle arrive plus à se retrouver elle-même face à des gens comme ceux du commissariat en Occitanie qu’à Paris, où le regard de l’autre est beaucoup plus cruel. A la campagne, on regarde vraiment qui elle est.

Qu’avez-vous ressenti quand vous vous êtes vue la première fois avec les prothèses de ses cicatrices ?

C’est impressionnant et en même temps, c’est le rôle. Je prends cela comme un outil. Cela m’a vraiment aidé pour la construction de Noémie. Le fait d’avoir ça sur le visage, cela empêche d’aller trop chercher ses propres cicatrices à l’intérieur. Noémie les porte sur son visage. J’ai commencé par un film où je me rasais la tête (Les Corps impatients de Xavier Giannoli en 2003). C’est pareil, c’est impressionnant et en même temps, c’est tellement plus facile pour jouer. J’aime beaucoup les transformations. Au théâtre, il y a deux ans, j’avais les cheveux roses. Noémie ouvre aussi un peu la voie pour les femmes qui ont été aussi balafrées. Le regard des autres, c’est difficile. Moi, je peux trouver cela limite sexy, comme Joffrey de Peyrac, le mari d’Angélique, joué par Robert Hossein.

Le rôle comprend d’autres challenges physiques, comme les scènes sous l’eau, ont-elles été difficiles à tourner ?

Bizarrement, non ! Il faut juste être très concentrée. J’ai fait plusieurs allers-retours en Belgique pour apprendre la respiration et travailler mon apnée dans ces studios incroyables, Lites Studios. Il faut savoir rester calme et gérer son stress, parce que quand on est à moins 7 mètres, attachée à une corde et qu’on vous enlève l’oxygène, il faut avoir confiance dans l’équipe. Je méditais tous les jours, une demi-heure avant. Dans l’eau, la perception du temps change. On me disait : « Tu viens de passer quatre heures dans l’eau », j’avais l’impression d’y avoir passé une demi-heure, tellement le cerveau est concentré. C’est une méditation active. Je vous avoue qu’après, on a une sensation de bien-être assez incroyable.

Cela vous a donné envie de faire de la plongée lors de vos prochaines vacances ?

Non, toujours pas ! Je n’aime pas me baigner dans les milieux naturels. Dans une piscine, c’est O.K., mais dans la mer, j’ai un problème avec les poissons.

Le look de Noémie Chastain, avec son jean et sa veste en daim, rappelle un peu celui d’un cow-boy…

Noémie est censée partir 3 jours et elle reste 3 mois. Elle n’a pas pris beaucoup de choses. Je pense qu’elle n’est pas vraiment du style à faire les boutiques. Cette femme, censée partir 3-4 jours, est partie avec un tout petit sac. Elle a plusieurs options de t-shirts, deux jeans, et tout le temps le même blouson, et c’est tout. Elle est un peu badass, elle a un côté western moderne. La mise en scène de Slimane rajoute aussi ce côté western moderne dont je suis absolument fan.

La série aborde des thèmes difficiles comme la disparition d’enfants. Est-ce qu’on sort indemne le soir d’un tel tournage ?

Grâce à la cicatrice qu’on m’enlevait tous les soirs, je retrouvais mon visage et du coup, ça allait. C’était plus difficile quand j’avais les cheveux rasés, parce que quand on a la boule à zéro, on a la boule à zéro. Franchement, ça allait ! Noémie n’est pas si lointaine de moi, il y a quelques points de similitude même si elle est beaucoup plus dark que moi. Après quatre mois de tournage, j’ai eu du mal à la laisser. J’ai senti la cicatrice pendant un mois, un mois et demi sur moi la nuit. J’avais l’impression de l’avoir encore sur moi, c’était assez perturbant.

Ce qui m’a frappé en regardant la série, ce sont ces silences, qui en disent parfois plus que les révélations…

On a souvent beaucoup plus de vérités dans un silence ou un regard que dans une discussion. Je me suis aussi pas mal inspirée des westerns justement. Quand on voit des films avec Clint Eastwood, il a un regard tellement perçant qu’on a l’impression qu’il y a plein de choses qui se passent. Noémie est silencieuse et je trouve cela super de ne pas être dans une série où on parle beaucoup. Le silence, comme le décor, sont des personnages à part entière. Ce barrage, inquiétant, était aussi un personnage. Quand j’arrive à la campagne en venant de Paris, j’ai un débit de paroles très rapide. On me dit : « Tu as l’air stressée ». On parle moins quand on est plus tranquilles. Plus on s’accepte, moins on est obligé de parler. Il y a quelque chose dans le silence de cette femme seule, dans cette cabane au milieu de nulle part qui en dit plus qu’un dialogue par moments.

Est-il plus difficile d’incarner un personnage de roman qu’un personnage créé de toutes pièces ?

Je voulais que cela plaise à Olivier, pour moi, c’est vraiment l’auteur qui importe. Il y a une scène, malheureusement coupée, où il apparaissait. Au début, il n’était pas hypersûr du casting. Une fois qu’il m’a vue dans le rôle, il était content. C’était plus compliqué de jouer Loulou de la Falaise parce qu’elle a vraiment existé qu’un personnage de roman.

La série fait un carton. Comment vit-on un tel succès qui survient après quelques années d’absence ? Est-ce que cela enlève les « doutes » évoqués sur le plateau de « Quotidien » ?

Le doute, c’est la vie. Cela fait du bien d’avoir un succès, ça apaise. Je suis super contente que Surface ait trouvé son public parce que c’est une série qu’on a tous portée vraiment fort. A propos de se rassurer, je ne pense pas que ce métier soit un métier rassurant. On peut passer des moments à attendre un coup de fil et puis, d’un coup, on vous propose quatre rôles en même temps et on se retrouve à refuser trois projets alors que cela fait quatre ans que l’on n’a pas bossé. C’est vrai que quand on prend un peu du large et qu’on revient, il y a quelque chose de plus fort. J’ai l’impression d’être un peu plus posée et le personnage de Noémie m’a vraiment apaisée.

A l’époque de Balthazar, Hélène de Fougerolles comparait Tomer Sisley à « une panthère », comment s’est passée votre collaboration ?

Je le connais depuis que j’ai l’âge de 16 ans, on mangeait des Miel Pop’s ensemble dans la cuisine. Alors, je ne l’ai jamais vraiment vu comme une panthère, mais comme quelqu’un d’extrêmement gentil et de très bon. On me parle beaucoup de Tomer, mais je n’ai pas travaillé énormément avec lui. Même si on a eu quelques jolies scènes ensemble, c’était surtout Théo Costa, mon binôme. J’ai adoré travailler avec Théo, je le dis parce que Tomer c’est un nom connu et on a été hypercontents d’être avec lui, mais les autres acteurs sont vraiment très bons. Avec Tomer, il fallait juste que je reste concentrée parce que c’est quelqu’un qui improvise beaucoup. Il joue vraiment à l’instinct. C’est ce que je fais d’habitude, mais pas pour ce rôle-là. On n’était pas dans la même énergie, mais c’était une super énergie. A l’image, je trouve que ça marche super bien. C’est quelqu’un que j’aime, c’est vraiment un copain depuis longtemps.

Vous parlez de Théo Costa, on a envie de revoir à l’œuvre toute l’équipe de ce commissariat…

Ils sont tous de grands acteurs et apportent tous quelque chose de familier, d’amical. Je trouve que ça fait un peu la bande des Stranger Things qui ont un peu grandi.

A la fin, l’enquête est bouclée, mais on ne peut s’empêcher en tant que spectateur d’espérer une suite…

Alors là, il faudrait appeler Olivier Norek pour qu’il fasse un deuxième bouquin !

S’il était partant, seriez-vous prête à reprendre le rôle ?

J’adorerais rejouer Noémie évidemment, s’il y a une saison 2, je serai hypercontente.

Notre rubrique SériesPouvez-vous nous parler de vos futurs projets, va-t-on vous revoir plus souvent à l’écran ?

J’ai un projet de film familial sur l’éducation. Je suis très intéressée par l’éducation des enfants. J’ai écrit ce scénario et j’espère réaliser l’année prochaine. En tant qu’actrice, il y a plein de projets dont je ne peux pas encore parler tant que cela n’est pas signé.