L’hypothèse semble irréaliste, elle est pourtant sur la table. Et si, après la chute annoncée de François Bayrou ce lundi 8 septembre, le président de la République nommait sans tarder – et sans dissolution -, Jordan Bardella à Matignon ? Le simple fait de l’envisager, alors que le Rassemblement national est aujourd’hui loin de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, en dit long sur l’état de déliquescence démocratique dans lequel se trouve le camp présidentiel.
Ce dernier, élu sur le refus des Français de porter l’extrême droite au pouvoir, semble avoir définitivement renoncé à la combattre. Certains suggèrent même de collaborer. « La coalition, visiblement, ça ne marche pas. Donc dans la Ve République, il y a une autre voix, c’est d’appeler le responsable du premier parti à l’Assemblée. C’est le Rassemblement national. Si cette option n’est pas utilisée, je ne vois pas d’autres issues », a lâché, le 27 août, l’ancien ministre et commissaire européen Thierry Breton.
Une hypothèse poussée par Sarkozy
Le même considérait en juillet 2024 que le refus de nommer à Matignon un représentant du Nouveau Front populaire et ses 193 députés n’avait « rien d’un déni de démocratie ». Faisant fi de toutes considérations morales, humanistes et républicaines, il souhaite désormais voir le RN et ses 123 députés (alliés aux 15 parlementaires ciottistes) gouverner.
Il n’est pas le seul à droite à prôner un rapprochement avec le RN. Longtemps proche d’Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy adoube désormais Marine Le Pen. Cet été, il a reçu et conseillé tour à tour Jordan Bardella puis Sébastien Chenu avant de souhaiter à demi-mot leur accession au pouvoir dans le Figaro du 3 septembre. « Ce serait mieux que la situation actuelle », glisse-t-il à propos d’une victoire du RN à d’éventuelles législatives anticipées. En appelant à la dissolution et à la fin du barrage républicain, il normalise l’extrême droite comme aucun autre ancien chef d’État depuis la Libération et rend un peu plus plausible l’option d’un adoubement du RN par Emmanuel Macron.
Le parti lepéniste