- 🌍 La technologie DAS utilise des câbles en fibre optique pour détecter les vibrations causées par les glaciers.
- 🧊 Les événements de vêlage au Groenland sont suivis avec une précision sans précédent grâce à cette méthode.
- ⚠️ Les chercheurs découvrent que le mélange des eaux chaudes et froides contribue à la fonte accélérée des glaciers.
- 🔍 Cette étude pourrait permettre de concevoir un système d’alerte précoce pour les tsunamis induits par la glace.
Les câbles en fibre optique, souvent utilisés pour acheminer internet, sont en train de révolutionner notre compréhension des glaciers. Ces câbles permettent non seulement de transmettre des données, mais aussi de détecter les signaux de l’environnement environnant. Cette technologie, appelée détection acoustique distribuée (DAS), est si sensible qu’elle peut suivre les pas d’une personne marchant au-dessus d’un câble. Récemment, des chercheurs ont posé un câble en fibre optique sur le fond marin près d’un glacier du Groenland. Cette initiative a permis de révéler des détails inédits sur les événements de vêlage, lorsque des morceaux de glace se détachent pour tomber dans l’océan. Ces informations pourraient être cruciales pour comprendre les processus cachés qui accélèrent la détérioration de la calotte glaciaire de l’île.
Les glaciers du Groenland en mutation
Historiquement, avant même l’influence humaine sur le climat, les glaciers du Groenland se détachaient naturellement. L’île est recouverte de glaciers qui s’écoulent lentement vers l’océan, se fragmentant en icebergs qui dérivent en mer. À une époque où les températures étaient plus basses, la calotte glaciaire se régénérait facilement grâce aux chutes de neige. Cependant, avec la hausse des températures, la situation a radicalement changé. La fonte accrue produit de l’eau de fonte qui s’écoule sous les glaciers, les soulevant et les lubrifiant. Cela affecte non seulement la perte de masse directement à la surface, mais influence aussi la vitesse à laquelle ces immenses glaciers, comparables à des tapis roulants de glace, se déplacent vers l’océan.
En conséquence, le Groenland perd désormais beaucoup plus de glace qu’il n’en regagne. Cette situation est souvent comparée à un compte bancaire dont le solde diminue lentement mais sûrement. Des chercheurs soulignent que les modèles actuels sous-estiment largement la quantité de glace fondant au contact de la mer. La collecte de données précises est rendue difficile par les dangers inhérents à l’approche de ces colosses de glace en chute libre.
La technologie au service de la science
Les chercheurs ont adopté une approche innovante en posant six kilomètres de câble parallèlement à la « limite de vêlage » d’un glacier au Groenland. Ce câble capte les vibrations causées par les fractures et les chutes de glace, grâce à des appareils d’interrogation alimentés par panneaux solaires. Ces dispositifs analysent les données acoustiques et les variations de température dans le fjord. Comme l’explique un scientifique impliqué dans l’étude, cette technologie permet de visualiser et d’entendre les fractures, fournissant ainsi une compréhension plus complète des événements de vêlage.
« Ces blocs de glace peuvent être aussi grands qu’un stade », a déclaré un chercheur.
Lorsqu’ils tombent, ils excitent les vagues, créant une agitation sous-marine que le système DAS détecte avec précision. Ainsi, ce câble en fibre optique offre une fenêtre unique sur les processus invisibles sous la surface, révélant comment les blocs de glace influencent le mouvement des eaux chaudes et froides.
Révélation des processus cachés
Le système de câbles a permis de mettre en lumière un phénomène jusqu’alors inconnu : le mélange de l’eau chaude et salée du fond avec l’eau froide de surface. Ce phénomène perturbe la couche isolante de l’eau de fonte, accélérant ainsi la fonte du glacier. L’étude suggère que ce mélange pourrait être le chaînon manquant dans nos modèles climatiques, expliquant les taux de fonte plus élevés observés. L’interaction complexe entre l’eau et la glace pourrait créer un cycle de rétroaction, où plus de vêlage entraîne plus de mélange, qui à son tour favorise plus de vêlage.
« Peut-être que cette étude est la clé pour comprendre les taux de fonte élevés que nous observons », a déclaré un expert.
La technologie des câbles optiques offre une méthode sûre et économique pour collecter des données précieuses, contrairement à l’approche traditionnelle qui nécessite des expéditions dangereuses près des glaciers.
Vers un avenir incertain
Les chercheurs ambitionnent de prolonger la durée d’utilisation de ces câbles pour observer les changements saisonniers. Ils envisagent également d’installer des câbles près des villes côtières du Groenland pour concevoir un système d’alerte précoce contre les tsunamis induits par la glace. Cependant, le temps presse pour comprendre pleinement les dynamiques de la glace du Groenland, alors que les glaciers continuent de se fragmenter à un rythme alarmant.
Cette course contre la montre inquiète certains scientifiques, qui craignent que les boucles de rétroaction ne conduisent à une accélération de la perte de glace. Quelle pourrait être la prochaine étape pour utiliser cette technologie innovante dans d’autres régions du monde où les glaciers sont menacés par le changement climatique?
Cet article s’appuie sur des sources vérifiées et l’assistance de technologies éditoriales.
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