Depuis trois mois, Le Vadrouilleur Spirit propose aux curieux de fabriquer leur gin artisanal pour 85 euros par personne. Passionné et passionnant: ainsi pourrait-on décrire Théo Arnulf, cofondateur de l’atelier installé au 13, rue Bavastro. À peine la porte franchie, le décor est planté: rangées de bouteilles, alambics couleur cuivre rutilants, tuyaux qui serpentent entre les tables, bocaux emplis d’épices et d’agrumes séchés… L’arsenal parfait pour un druide en quête du gin idéal. « Le gin est revenu à la mode en 2012, grâce aux Portugais et aux Espagnols. Avant ça, presque personne n’en voulait », confie le trentenaire. Plus étonnant encore, jusqu’à ses derniers jours, « la reine d’Angleterre Élizabeth II portait haut les couleurs du gin », raconte avec malice l’amoureux du spiritueux. Tombé très jeune dans le chaudron, Théo a derrière lui douze ans d’expérience dans l’hôtellerie et la mixologie. Aujourd’hui, il travaille main dans la main avec son père: le fils à Nice, le père en Provence.

Le choix des saveurs, un casse-tête d’épicurien

Nice-Matin a participé à un atelier de deux heures. Après les consignes de sécurité (ne surtout pas toucher l’alambic en chauffe!), place à l’histoire du nom Vadrouilleur: un clin d’œil aux nombreux voyages de Théo à travers l’Europe – Portugal, Espagne, Italie, Suisse, etc. – Puis, vient le moment crucial: élaborer sa recette. Sur la table, un éventail de plantes, fruits, épices et fleurs: anis, coriandre, hibiscus, baies de genièvre, écorces d’agrumes… Pour notre part ce sera hibiscus, basilic et laurier. Un mélange frais et équilibré. « Attention aux arômes trop puissants! Ne jamais marier gingembre et absinthe, par exemple mais plutôt Gingembre – Sureau », prévient le maître des lieux.

L’alcool neutre est déjà versé dans la cuve. En chauffant doucement, les vapeurs passent par le chapiteau, descendent dans le col-de-cygne – ce petit tuyau qui mène au condensateur – avant de s’écouler en distillat limpide. « On pourrait presque déjà goûter, mais il faut être courageux », plaisante Théo. Intrépides, nous trempons le doigt: à 80 degrés, ça réveille!

Personnalisation et mise en bouteille

Dernière étape créative: nommer et habiller son gin. Grâce à une application connectée à une mini-imprimante, chacun conçoit son étiquette: typographie, couleurs, ingrédients, appellation. La nôtre arbore fièrement le logo des 80 ans de Nice-Matin, sur une bouteille en verre coiffée d’un bouchon parfumé à la fleur. On dose ensuite: moitié gin à 80°, moitié eau déminéralisée. Après 48h de repos, le breuvage sera prêt pour l’apéritif.

L’atelier se conclut par la dégustation de la maison: Mistello, son gin provençal médaillé d’or au Concours général agricole 2025. Il est servi en gin tonic dans les règles de l’art, ses notes de lavande nous transportent aussitôt au cœur des champs, cigales en fond sonore. Une manière poétique de refermer cette parenthèse d’apprentissage… et de gourmandise.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, il est à consommer avec modération.