Le manager du Stade français Paul Gustard avait choisi de titulariser Yoan Tanga et Louis Carbonel pour cette première journée, soit les deux recrues phares de la saison dernière. Deux joueurs recrutés à prix d’or ayant déçu. Mais deux des grands artisans du succès contre Montauban…

Louis Carbonel aurait très bien pu jouer son premier match de la saison du côté de Montpellier avec, sur le dos, le maillot du RC Toulon. Après une saison cauchemardesque marquée par des difficultés à s’affirmer dans le collectif parisien, Paul Gustard, devenu entraîneur principal après le retrait de Laurent Labit, l’avait écarté de la fin d’année parisienne. Et un échange avec l’ouvreur toulonnais Enzo Hervé a même été envisagé par les dirigeants stadistes dans le courant du mois de juin. Sa dernière titularisation avec les Soldats roses datait donc du 20 avril et une défaite à Jean-Bouin face à Toulouse (21-27).

Pourtant, c’est bien le même Paul Gustard, peut-être sous l’influence du responsable de l’attaque Morgan Parra, qui a choisi de titulariser le double champion du monde des moins de 20 ans pour affronter Montauban. Paradoxalement, le technicien anglais ne tarissait pas d’éloges sur son ouvreur au cœur de l’été. Avant même le premier match amical disputé contre le Racing 92 le 23 août, il avait confié dans ces colonnes : « D’après ce que j’ai pu observer jusqu’à présent en présaison, nous verrons une version plus fidèle du talent de joueurs comme Yoan (Tanga), « The Carbonator » (Louis Carbonel) et Joe Jonas. Ils ont été très impliqués et très bons. »

Force est de constater que le nouveau patron du Stade français ne s’est pas trompé. D’abord, à propos du « P’tit Louis » qui a rayonné, se retrouvant quasiment dans tous les bons coups en première période. Une première percée en guise d’amuse-bouche (4e), avant de récidiver quelques minutes plus tard avec un jeu au pied pour lui-même parfaitement récupéré avant de servir Baptiste Pesenti pour le deuxième essai parisien (8e). Il a aussi montré toute sa qualité gestuelle avec une merveilleuse passe sur un pas occasionnant un essai de Dakuwaqa, justement refusé pour un déblayage illicite de Paul Alo-Emile. Pour conclure ses 40 premières excellentes minutes, il s’est aussi offert un essai quasi-solo en jouant une pénalité rapidement et en réalisant un une-deux avec Tanga (40e). Comme un symbole du retour des bannis.

Gustard : « C’est une nouvelle saison, nous repartons de zéro »

Parce que s’il y en a un autre qui a été mis au ban des accusés la saison dernière, c’est bien le troisième ligne centre débauché à La Rochelle contre un joli chèque. Résultat ? Seulement neuf titularisations en Top 14, pas une seule réellement marquante. « La saison dernière m’a mis un gros coup sur la tête. Je suis arrivé avec beaucoup d’ambitions et malheureusement, il y a des choses qui n’ont pas du tout fonctionné. Du coup, j’ai bien réfléchi pendant l’été, je me suis remis les idées en place et me suis posé les bonnes questions. Je suis revenu avec énormément d’envie, beaucoup de nouveaux objectifs. J’ai aussi perdu 2-3 kg. Je pense que ça me fait du bien (léger sourire). Et aujourd’hui, je me sentais prêt à attaquer une nouvelle saison. » Son envie, Tanga l’a fait sentir aux Montalbanais à chaque coup d’épaule. Son essai tout en puissance sur un départ après mêlée fermée témoigne. « L’année dernière a été difficile pour beaucoup de mecs, a commenté Gustard après la rencontre. Mais c’est une nouvelle saison, nous repartons de zéro. C’est une opportunité pour tout le monde et une chance pour l’équipe. »

Évidemment, cette première performance, contre un promu, demande confirmation. Carbonel et Tanga le savent pertinemment : ils sont attendus sur la durée, avec le double objectif de faire oublier leur première saison sur le plan personnel et de permettre au Stade français de retrouver son standing. Une lourde charge probablement à la hauteur du talent et des qualités de ces deux joueurs.