À l’aube de ce mardi 9 septembre, la sidération s’est invitée aux portes de plusieurs mosquées de Paris et sa banlieue, où des têtes de cochon ont été découvertes sur le trottoir. Ces actes, qualifiés d’« abjects » par le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, visent de manière délibérée la communauté musulmane.
Le parquet de Paris confirme que des têtes de cochon ont été découvertes devant une mosquée rue Marey, dans le XXe arrondissement, devant une autre mosquée du XVe arrondissement et dans une valise découverte dans le XVIIIe arrondissement. « Le parquet de Nanterre s’est dessaisi au profit du parquet de Paris de faits similaires commis à Montrouge » (Hauts-de-Seine), poursuit le parquet de Paris. Selon plusieurs sources proches, des cas similaires auraient été signalés à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et à Malakoff (Hauts-de-Seine).
« Macron » inscrit sur la tête
Selon des sources policières, la première découverte macabre a eu lieu à 5h30 dans le XXe arrondissement de Paris. Des fidèles qui se rendaient à la prière matinale ont trouvé une tête de cochon posée sur le sol badigeonné d’encre bleutée devant l’entrée de la mosquée Anwar El-Madina, rue Étienne-Marey. L’exploitation des caméras de vidéosurveillance a permis d’identifier un homme de type européen, vêtu de noir et muni d’un sac à dos noir et d’un gros sac blanc.
Sur les images, l’individu fait un premier passage devant la mosquée, continue son chemin puis fait demi-tour quelques mètres plus loin pour revenir sur ses pas. C’est à ce moment-là, à 4h39 exactement, qu’il ouvre le grand sac en sa possession et dépose la tête d’un cochon.
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Simultanément, à Montreuil, un acte similaire aurait été perpétré devant la mosquée Islah, située rue des Sorins, nous informe une source proche du dossier. Là encore, des fidèles découvraient une tête de cochon à 5h30, mais cette fois-ci portant l’inscription « Macron » en lettres majuscules sur l’animal. Le Parquet de Paris confirme de son côté que, « sur l’un des lieux le mot Macron a été peint en bleu ».
Du côté de Malakoff, la tête du cochon aurait été déposée aux alentours de 5h22 selon les vidéos surveillances sur place indique Me Ben Ali, avocat de la mosquée. « L’homme portait un masque chirurgical ainsi qu’un béret pour ne pas être reconnu », décrit-il. Pour lui, ça ne fait pas de doute, ces actes ont été commis de manière organisée et par plusieurs personnes distinctes. « On pensait qu’il s’agissait d’une seule personne ce matin mais au vu de nombre de mosquées touchées et de la distance ça paraît impossible. D’autant que l’homme portait un sac qui ne pouvait contenir qu’une ou deux têtes de porc maximum », estime l’avocat.
« Les fidèles et représentants de la mosquée sont très attristés et touchés par ces actes. Et il y a forcément un peu de peur qui s’installe », déplore l’avocat qui indique que les représentants de la mosquée doivent être auditionnés en début d’après-midi.
« Actes abjects »
« Tout est mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ces actes abjects », a immédiatement réagi le préfet de police de Paris sur X. « Tout mon soutien aux responsables et aux fidèles des mosquées touchées par ces provocations insupportables. S’en prendre à des lieux de culte est d’une lâcheté insondable », a pour sa part déclaré sur la même plateforme le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a également fait part de son « indignation » au micro de BFM.
Ce matin tôt, des têtes de cochon ont été découvertes sur la voie publique devant l’entrée de plusieurs mosquées de l’agglomération. Une enquête a immédiatement été ouverte. Tout est mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ces actes abjects. pic.twitter.com/h08ufL97pj
— Laurent Nuñez (@NunezLaurent) September 9, 2025
« Ça suffit ! », s’est exclamée dans la foulée la maire de Paris, Anne Hidalgo, par voie de presse. « Face à ces ignobles agissements, la Ville de Paris saisit la justice. Toute ma solidarité avec la communauté musulmane », a indiqué l’édile. Le maire du XVe arrondissement, Philippe Goujon, a lui aussi réagit sur X. L’élu indique condamner « fermement » cet acte « inqualifiable » et écrit apporter son soutien à la communauté musulmane.
« La brigade criminelle de la préfecture de police de Paris a été saisie d’une enquête pour provocation à la haine aggravée par la discrimination en raison de l’appartenance à une race ou religion », indique le parquet de Paris.
Ces profanations s’inscrivent dans un contexte préoccupant d’actes antimusulmans en France. Selon les données du Collectif contre l’Islamophobie en Europe (CCIE), 1 037 faits islamophobes ont été documentés en 2024, soit une hausse de 25 % par rapport à 2023. Le ministère de l’Intérieur, qui a comptabilisé 173 actes en 2024, reconnaît toutefois que ces chiffres sont probablement sous-estimés, de nombreuses victimes ne portant pas plainte.
Des incidents similaires ont déjà été signalés par le passé. Le 10 mars 2024, à la veille du ramadan, une tête de porc a été découverte devant la mosquée turque de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. En mars 2019, c’est sur le chantier de la future mosquée de Bergerac que des murs avaient été badigeonnés de sang animal et une tête de porc déposée sur la porte d’entrée.