Théoriquement pro-européens, ouverts sur l’avenir et aux idées nouvelles, les socialistes français regardent, semble-t-il, dans trois mauvaises directions : le passé, leur nombril et l’Elysée. Ils feraient mieux de se tourner en direction de l’Europe du Nord où les sociaux-démocrates gouvernent dans deux pays scandinaves sur trois (Danemark, Norvège) et où ils sont bien placés pour revenir au pouvoir en Suède en 2026. Donnés perdants voilà peu, les socialistes norvégiens viennent ainsi d’accomplir une remontada de dix points pour terminer en tête aux législatives du 8 septembre avec 27,7 % des suffrages.
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En se débarrassant de leur allié centriste l’année dernière, ils ont clarifié leur positionnement. Et en offrant le portefeuille des Finances au très populaire Jens Stoltenberg – ancien Premier ministre et ex-secrétaire général de l’Otan – , ils ont boosté la crédibilité du chef du gouvernement Jonas Gahre Støre. Autre ajustement : leur rhétorique sur l’immigration s’est sensiblement affermie. L’objectif ? Ne pas laisser le champ libre au Parti du Progrès (populiste) qui, malgré tout, double son score pour devenir le deuxième parti du royaume pétrolier, avec un score de 20 %.
Un durcissement drastique des lois anti-immigration
Le cas norvégien ressemble à celui du Danemark où les sociaux-démocrates, guidés par la charismatique Mette Frederiksen, ont remporté la dernière élection avec 27,5 % des voix. Et cela, grâce au durcissement drastique des lois anti-immigration. Cette courageuse décision a coupé l’herbe sous le pied de l’extrême droite (aujourd’hui marginalisée) en préservant le modèle d’Etat-providence danois qui s’appuie sur des finances saines grâce, entre autres, à un recul de l’âge de la retraite : à 67 ans aujourd’hui, mais 68 ans à partir de en 2030, 69 en 2035 et 70 en 2040.
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La gauche suédoise, actuellement en cure d’opposition, s’est trouvée une vraie « boss » en la personne de Magdalena Andersson : elle est créditée de 30 % d’intentions de vote à un an des élections. Ébranlés par l’arrivée d’un nombre considérable de migrants en 2015, les sociaux-démocrates de Stockholm, eux aussi, sont en train de s’aligner sur ceux de Copenhague. La recette de la gauche nordique est simple : maîtriser les dépenses publiques pour préserver le modèle social, écouter les électeurs qui réclament un frein à l’immigration, désigner des leaders capables d’incarner leurs idées au-delà de l’appareil politique. Tout cela, sans céder à l’extrême gauche. Au fond, c’est peut-être ça un parti de gouvernement.