C’est un réveil glaçant qu’ont connu les occupants du plus grand tiers-lieu social de Paris. Les Arches citoyennes, situées face à l’Hôtel de Ville (IVe), ont été la cible d’une intrusion à caractère néonazi dans la nuit du 6 au 7 septembre 2025. Une dizaine de bureaux ont été forcés, des ordinateurs volés, et les murs couverts de croix gammées et de menaces de mort racistes.

Comme l’a révélé StreetPress, l’attaque s’est concentrée sur un couloir du troisième étage de cet ancien siège de l’AP-HP reconverti où cohabitent associations, startups et ateliers d’artistes. Parmi les espaces vandalisés figurent notamment une entreprise de cybersécurité, l’atelier d’une artiste ukrainienne et les locaux d’un atelier de réparation de vélos.

Selon les témoignages recueillis par StreetPress, les murs de ces locaux ont été couverts de croix gammées, d’insultes comme « gauchistes de merde » et de menaces explicites comme « On va bientôt tous vous tondre collabos de merde », « On vous tuera vous avec les nègres et les bougnoules ».

Propos « ignobles et nauséabonds »

Selon les occupants interrogés par nos confrères, les auteurs des faits semblent avoir ciblé le concept même des Arches citoyennes : un lieu de mixité sociale promouvant des valeurs progressistes. Un modèle porté par la coopérative Plateau Urbain, qui gère plusieurs espaces similaires en Île-de-France.

« Le but était clairement de foutre la merde et de faire peur », a confié à StreetPress un employé d’une entreprise touchée, ajoutant que le vol d’ordinateurs semblait secondaire face à la volonté d’intimidation. D’après les victimes, c’est la première fois que ce lieu subit une telle attaque.

« Le contexte actuel d’extrême tension est propice à tous les enflammements. On ne sait pas encore si les faits sont purement racistes où s’ils sont une nouvelle tentative de manipulation étrangère comme on en a connu récemment avec les mains rouges au Mémorial de la Shoah… Ce qui est certain c’est qu’il faut s’assurer à tout prix qu’il y aura des condamnations en justice », estime le maire de Paris Centre, Ariel Weil, qui fait le parallèle avec les têtes de cochons déposées ce mardi matin devant plusieurs mosquées de Paris et d’Île-de-France. L’édile précise qu’une plainte concernant les tags antisémites aux Arches citoyennes va être déposée par la mairie de Paris Centre.

« Je condamne avec la plus grande fermeté les tags racistes immondes qui ont été faits aux Arches Citoyennes, ce lieu d’engagement et de solidarité, a condamné sur Instagram la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo. Ces propos ignobles et nauséabonds n’ont pas leur place ni dans notre ville, ni dans notre République », a-t-elle poursuivi, espérant que « les auteurs seront rapidement identifiés, interpellés et condamnés ».

Une plainte devrait être déposée par Plateau Urbain, et la police scientifique, dont les laboratoires sont à proximité, a effectué des relevés biométriques. Toujours selon nos confrères de StreetPress, en attendant les résultats de l’enquête qui vient d’être ouverte, la sécurité du bâtiment a été renforcée par l’embauche de vigiles.