© DR - Après quinze ans de crises à la tête de Société Générale, Frédéric Oudéa rejoint Revolut pour piloter l’Europe de l’Ouest et accompagner l’ambition de la fintech.

© DR – Après quinze ans de crises à la tête de Société Générale, Frédéric Oudéa rejoint Revolut pour piloter l’Europe de l’Ouest et accompagner l’ambition de la fintech.

De l’affaire Kerviel à la cession expresse de Rosbank en pleine guerre en Ukraine, Frédéric Oudéa a incarné pendant quinze ans la résilience de Société Générale. Arrivé à sa tête en 2008, au moment où la banque révélait une perte colossale de 4,9 milliards d’euros liée aux agissements du trader Jérôme Kerviel, l’ancien directeur financier a dû naviguer de crise en crise. Manipulation du taux Libor, mise en cause dans les Panama Papers, tempête de la crise de la zone euro, puis choc du Covid-19 : autant d’épisodes qui ont forgé sa réputation d’homme calme dans l’adversité, parfois jugé froid mais rarement pris en défaut de sang-froid.

De la banque traditionnelle à la fintech

En 2023, il a quitté la Société Générale, laissant la place à Slawomir Krupa, et tourné la page d’une carrière marquée par la rationalisation du groupe et la réduction de ses activités internationales. Deux ans plus tard, c’est une nouvelle aventure qui s’ouvre : la direction de la filiale Europe de l’Ouest de Revolut, néobanque britannique devenue l’un des symboles de la finance digitale. Pour lui, ce n’est pas seulement son expérience des crises qui a séduit la fintech, mais aussi son expertise stratégique et de gouvernance. “La technologie va transformer l’expérience client, et je suis convaincu par ce projet entrepreneurial”, explique-t-il.

Un profil discret mais influent

Inspecteur des Finances de formation, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère du Budget, Oudéa incarne un certain classicisme des élites françaises : Polytechnique, ENA, haute fonction publique, puis carrière dans la banque. Marié à Amélie Oudéa-Castéra, aujourd’hui présidente du Comité national olympique français, il cultive pourtant une discrétion rare chez les grands patrons. Amateur de tennis, de football et de vins de Bourgogne, père de cinq enfants, il s’est toujours tenu éloigné des mondanités, préférant l’efficacité des coulisses à l’exposition médiatique.

Un atout pour l’avenir de Revolut

À 62 ans, Frédéric Oudéa met désormais son expérience au service d’un acteur en pleine expansion, bien éloigné des grandes institutions financières qu’il a dirigées. Pour Revolut, qui affiche des ambitions considérables en Europe, l’arrivée d’un patron habitué aux secousses de la finance internationale est un signal fort. Pour lui, c’est aussi une façon de boucler la boucle : après avoir modernisé une banque centenaire, il s’engage dans le développement d’une fintech qui veut redessiner l’avenir des services financiers.