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Une nuit agitée, des coups de feu, une affaire de famille compliquée : le tribunal correctionnel de Toulouse a eu à trancher une histoire aux multiples zones d’ombre.

Fin juin, une jeune femme rentrait de boîte de nuit. Devant son domicile de Castelginest, près de Toulouse, son frère et un ami l’attendaient, alcoolisés. La situation a dégénéré rapidement : coups portés sur son véhicule, insultes, puis une phrase glaçante : « Va chercher le fusil ». Le frère s’est exécuté. Des témoins affirment avoir entendu deux détonations.

Devant le tribunal, les prévenus présentent une autre version des faits : « Je me suis embrouillé avec l’ex de ma demi-sœur qui était dans la voiture. Il avait l’interdiction de la voir car il l’avait frappée ». Version confirmée par son ami qui indique avoir subi des violences ce soir-là : « Il était dans la voiture. Lorsqu’il est sorti il m’a frappé au visage ».

« Un véritable tyran domestique »

« Pourquoi vous mêlez-vous des affaires de la sœur de votre ami ? », questionne la procureure. « C’est mon ami d’enfance et je suis là pour lui », éclaire le jeune homme à la barre. De là à sortir un fusil… L’avocate du frère, Me Audrey Libert, replace les faits dans un contexte plus sombre : « L’ex-compagnon de la plaignante vient d’être condamné pour six années de violences répétées sur sa compagne et son enfant. C’est un véritable tyran domestique ».

Elle rappelle également que son client aurait déjà subi des brimades de cet homme : « Il l’a amené dans un camp de gitan pour qu’ils lui donnent une leçon ». La présence de l’ex est contestée par la victime qui indique avoir été raccompagnée par un dénommé « Yves », rencontré en boîte de nuit. Un inconnu introuvable.

« Si les enquêteurs avaient cru la victime… »

Le procureur de la République retient avant tout la violence d’une scène qui a duré près de trois heures. Il requiert entre 9 mois (pour l’ami) et 18 mois de prison (pour le frère).
« Si les enquêteurs avaient cru la victime, ils auraient auditionné Yves. Or, ils ont interrogé l’ex-compagnon », insiste Me Audrey Libert, l’avocate du frère.

Elle suggère une peine mixte à purger sous bracelet « lui permettant de passer son bac ». Me Caroline Lapaze, l’avocate de l’ami, plaide le manque de clarté du dossier et la relaxe au bénéfice du doute.

Un an de prison pour le frère, entièrement assortis d’un sursis probatoire de deux ans. Obligation de soins, de travail et interdiction de contact avec sa sœur. Son ami est relaxé pour la complicité de violences mais écope de 6 mois ferme (sans mandat de dépôt), pour avoir enfreint une interdiction de contact. Les deux jeunes hommes sont ressortis libres du tribunal.