Locaux de la CGT, au rez-de-chaussée de la Bourse du travail, à Toulon. Parmi les syndicalistes présents à la veille du 10 septembre, Sébastien Bois est chargé de confectionner sur place la banderole pour l’opération de blocage du lendemain.
Reste à valider le slogan du moment, en plus de l’impression des 1.500 tracts. « On devrait opter pour “Stop au blocage social » », glisse cet agent d’entretien, également secrétaire du syndicat départemental de la propreté du Var et délégué syndical central de la CGT au sein de GSF Jupiter. Le site choisi pour manifester? L’Avenue 83, « symbole économique du Var », d’après notre interlocuteur qui attend « deux cents » membres du syndicat de gauche, « plus tous ceux qui voudront nous rejoindre ». Assez pour bloquer un rond-point et l’entrée du parking?
« Mon rôle, depuis deux semaines? Appeler à faire grève, poursuit ce père de famille de 46 ans. On a subi trop d’attaques ces derniers temps, avec l’annonce par Bayrou de la suppression de deux jours fériés et la monétisation de la cinquième semaine de congés payés ». Et la démission du Premier ministre, après l’échec du vote de confiance à l’Assemblée nationale n’y change rien. « Même si Bayrou n’est plus là, Macron est toujours en place. Il faut qu’il dégage, estime Sébastien Bois. On attend au moins qu’il nomme Mélenchon à Matignon, pas un socialiste. Le PS n’est plus un parti de gauche pour nous. »
« On n’est pas des voyous »
Malgré ses 23 ans d’ancienneté à passer le balai et nettoyer les vitres de magasins de 5h15à 12h15, celui-ci ne touche que 1.600 euros nets par mois. Plus les 1.700 euros de sa femme, salariée dans l’immobilier. « À nous deux, on arrive à peine à vivre avec ce qu’on gagne, raconte-t-il. On va au travail, on rentre, on dort. Les restaurants? On ne peut pas se le permettre. Et les loisirs sont de plus en plus réduits. Si on ne réagit pas tout ensemble, ça sera encore pire demain. Ils seraient capables de s’en prendre au Code du travail et à la quatrième semaine de congé. Alors qu’il faudrait taper dans les poches des grands patrons, pas dans celles des petits comme nous… »
C’est la baisse du pouvoir d’achat et le ras-le-bol général qui le conduira à L’Avenue 83, ce mercredi. Sans intention de violence. « Arrêtons de stigmatiser les revendications du 10 septembre, souligne ce syndicaliste. On n’est pas des voyous contrairement à ce qu’a laissé entendre Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur démissionnaire, Ndlr). Peut-être que lui espère des violences pour discréditer le mouvement? » La suite? « On se réunira en fin de journée pour se compter et décider ou non de prolonger la grève, anticipe Sébastien Bois. On est là. Et on ne se laissera pas faire. »