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Maxime T’sjoen

Publié le

9 sept. 2025 à 19h53
; mis à jour le 9 sept. 2025 à 20h06

51 jours pour nommer Michel Barnier, 8 pour François Bayrou et à peine plus de 24 heures pour offrir un bail à durée (très) indéterminée à Sébastien Lecornu à l’hôtel de Matignon.

Emmanuel Macron a fait le choix de la continuité en nommant l’ancien ministre des Armées en tant que nouveau Premier ministre ce mardi 9 septembre 2025. L’ex-président du conseil départemental de l’Eure aura la lourde tâche de former un gouvernement d’équilibre entre les différentes forces politiques pour avoir une assise stable au Parlement.

Stabilité : ce sera le leitmotiv de Sébastien Lecornu puisque son « action » « sera guidée par la défense de notre indépendance et de notre puissance, le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle pour l’unité du pays. 

Le gouvernement ? Pas pour tout de suite

Le gouvernement ne sera formé qu’après avoir consulté « les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois », peut-on lire dans le communiqué de l’Élysée.

Le président de la République est convaincu que, sur ces bases, une entente entre les forces politiques est possible dans le respect des convictions de chacun.

Communiqué de presse de l’Élysée

Le nouveau Premier ne proposera une équipe gouvernementale qu’à l’issue de ces consultations.

Mais cette première mission ne sera que la première de travaux herculéens devant aboutir à l’adoption d’un budget, en évitant la censure donc. Certains s’y sont essayés avec plus ou moins de succès.

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Un fidèle macroniste

S’il a connu des mandats locaux auprès du conseil départemental de l’Eure donc, mais aussi en tant que maire de Vernon, Sébastien Lecornu est surtout un ministre macroniste de la première heure. Après avoir grimpé les échelons de l’UMP, il a quitté le parti après la mise en examen de François Fillon lors de la campagne présidentielle 2017 (et alors que le candidat UMP refusait de se désister).

Proche de Bruno Le Maire (il a été son assistant parlementaire, entre autres), l’Eurois a suivi la même trajectoire que l’ancien ministre de l’Économie en se rapprochant du mouvement d’Emmanuel Macron à la suite de sa victoire en 2017.

Depuis cette date, il est secrétaire d’État ou ministre, passant de portefeuille en portefeuille, gravissant les échelons comme un jeune ministre qu’il est (39 ans).

D’abord à la Transition écologique, puis aux Collectivités territoriales et aux Outre-Mer, il est surtout le ministre de l’ambitieuse loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 dans un contexte de guerre en Ukraine.

Souvent dans les noms proches de Matignon, Sébastien Lecornu va occuper la plus haute fonction ministérielle, celle de chef de gouvernement.

Dîners avec Marine Le Pen

En nommant un proche, Emmanuel Macron fait le choix que sa ligne soit respectée et n’ouvre toujours pas la porte à une quelconque cohabitation, alors même que la gauche représente la plus grande force politique dans l’hémicycle.

Soit, Sébastien Lecornu se prépare à gouverner depuis de nombreux mois. Et plutôt que de s’ouvrir à gauche, le Normand a fait un choix plus droitier, à en croire Le Canard Enchaîné. Selon leurs informations, Sébastien Lecornu aurait reçu, en avril dernier, Jordan Bardella et Marine Le Pen au ministère des Armées.

Ce n’est pas la première fois qu’une rencontre entre les dirigeants RN et le ministre ont lieu. Libération évoquait déjà des dîners entre Sébastien Lecornu et Marine Le Pen chez un ami commun, Thierry Solère, conseiller d’Emmanuel Macron.

Une manière de ne pas être sur un siège éjectable avec un soutien tacite du parti d’extrême-droite. À Hénin-Beaumont, Marine Le Pen prévenait que le successeur de François Bayrou devrait avoir « bien conscience que nous resterons inlassablement les avocats des intérêts de la France et des Français ».

Sans prise en compte de ces aspirations, il sera lui aussi censuré.

Marine Le Pen

Tant pis pour le front républicain ?

Pour rester en place, il a, a minima, besoin du soutien du RN et de l’Union des droites pour la République (mouvement d’Éric Ciotti).

Il faut voir à l’usage, mais la tactique politique semble clairement pencher vers la droite de la droite, malgré le front républicain à l’œuvre lors des dernières législatives.

Reste à savoir si cela permettra au futur gouvernement d’avoir les coudées franches pour mener à bien le projet de loi de finances… Qui doit déjà être déposé sur la table de l’Assemblée nationale pour le mardi 7 octobre 2025.

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