Longtemps considérés comme de grands prédateurs carnivores, les Néandertaliens auraient en réalité eu un régime alimentaire bien plus surprenant. Selon une étude récente, leur survie reposait non seulement sur la viande, mais aussi sur des aliments en décomposition contenant… des asticots.

Reconstitution d’un Néandertalien préparant de la viande dans une forêt, illustrant son mode de vie et son régime alimentaire.Loin d’être de simples carnivores, les Néandertaliens consommaient aussi plantes, fruits de mer et champignons, comme le confirment les dernières analyses fossiles – DailyGeekShow Illustration

Les Néandertaliens ne mangeaient pas que de la viande fraîche, mais aussi des asticots

Pendant des décennies, les chercheurs pensaient que les Néandertaliens se nourrissaient presque exclusivement de viande. Ils semblaient même rivaliser avec lions et hyènes dans la chaîne alimentaire. Les traces chimiques retrouvées dans leurs os confirmaient en apparence un régime de grands carnivores.

Pourtant, une nouvelle analyse révèle une autre vérité. En étudiant le rôle des asticots présents dans la viande en décomposition, les chercheurs ont compris que ces larves modifiaient les signatures isotopiques des os.

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asticots— Carlo 2020 / Shutterstock.com

Ainsi, ce que l’on croyait être la preuve d’un régime carné exclusif correspond en réalité à une consommation régulière de viande fermentée, de graisses animales et de larves grasses. Cette découverte change profondément l’image que l’on se faisait de leur menu quotidien.

Les isotopes de l’azote révèlent une alimentation moins glamour qu’imaginé

Les scientifiques ont analysé les niveaux de la « signature chimique » de l’azote (δ¹⁵N), un isotope de l’azote servant à identifier le régime alimentaire.

Chez les Néandertaliens, ces niveaux étaient aussi élevés que chez les grands carnivores. Or, les expériences montrent que les asticots se nourrissant de chair animale en décomposition peuvent multiplier par quatre ces valeurs.

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Ainsi, les fameux niveaux élevés de la « signature chimique » de l’azote (δ¹⁵N) ne prouvent pas forcément une consommation massive de viande fraîche. Ils traduisent plutôt une alimentation où la viande fermentée et ses larves avaient une place essentielle. Cette piste scientifique apporte enfin une explication cohérente à un paradoxe qui intriguait les chercheurs depuis longtemps.

Les asticots offraient des nutriments essentiels et évitaient la « faim du lapin »

Un régime trop riche en protéines maigres entraîne un risque de malnutrition appelée « faim du lapin ». Ce problème peut être fatal. Or, les asticots, riches en graisses, en lipides et en nutriments, compensaient ce danger. Ils ajoutaient à la viande un apport énergétique vital qui permettait aux Néandertaliens de survivre dans des environnements difficiles.

Comme certains peuples autochtones qui consomment encore des aliments fermentés ou infestés de larves, les Néandertaliens auraient transformé ce que nous jugeons répugnant en un avantage de survie. Les asticots n’étaient pas des nuisibles, mais bien des calories bonus. Ils rendaient la viande stockée plus nutritive et plus digeste.

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Cette découverte change notre vision culturelle et biologique des Néandertaliens

Illustration d’une rencontre préhistorique entre un Homo sapiens et un Néandertalien autour d’un feu de camp dans une grotte ornée de peintures rupestres.La cohabitation entre Néandertal et Homo sapiens a façonné notre histoire et contribué à l’évolution de l’humanité – DailyGeekShow.com

Les pratiques alimentaires des Néandertaliens montrent qu’ils savaient stocker, fermenter, conserver et parfois même cuire leurs ressources. Cela les distingue des autres carnivores.

Leur régime reposait sur une combinaison de viande fraîche, de viande fermentée, de graisses animales et d’asticots. Cette stratégie leur donnait une résilience alimentaire que nous avions largement sous-estimée.

Cependant, tout n’est pas encore élucidé. Les chercheurs s’interrogent sur la proportion exacte d’asticots dans leur alimentation et sur l’évolution de ces pratiques au fil du temps. Ont-ils appris à fermenter volontairement leur viande ? Quelle place ces méthodes occupaient-elles dans leur culture culinaire et leur rapport au goût ?

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Quoi qu’il en soit, cette découverte nous oblige à repenser non seulement la biologie des Néandertaliens, mais aussi leur culture alimentaire. Loin du cliché du chasseur ne mangeant que de la viande fraîche, nous découvrons un hominidé capable d’exploiter toutes les ressources disponibles pour assurer sa survie.