Comment faire accepter aux populations civiles l’innommable? Famine, bombardements, mobilisation massive: les affres de la guerre sont instrumentalisées par la propagande. Au musée de la Résistance Azuréenne et de la Déportation, à Nice, des dizaines d’affiches imprimés de 1940 à 1945, des plus iconiques aux plus confidentielles, sont exposées jusqu’au 31 décembre. Ces documents permettent une plongée vertigineuse dans le narratif guerrier des différents belligérants, permettant de mieux comprendre les enjeux du conflit. Voici une brève sélection de ces collages.

Diaboliser, décourager, mobiliser…

Cherchant à diaboliser les Alliés libérateurs, Vichy représente une ville ravagée par un raid aérien, le ciel en feu déchiré d’un cri, écrit en lettres noires: « Lâches! »

Du côté allemand, la haine du juif se décline sous toutes ses formes. Comme cette immonde caricature d’un homme inquiétant aux traits sirupeux et vicieux, caché par les drapeaux Alliés. « Et derrière le juif », est-il jeté au premier plan. Les Soviétiques, eux, raillent d’un trait glaçant les échecs de la Wehrmacht sur le front de l’est. À l’assaut de Stalingrad (17 juillet 1942 au 2 février 1943), des rangées de soldats frigorifiés se tordent en croix gammées avant de finir plantés comme de simples croix, transformant la toundra enneigée en vaste cimetière. Enfin, les Forces françaises de l’intérieur se figurent en enclume, sur laquelle l’emblème nazi est écrasé par le marteau des Alliés. « Loin d’être négligeable dans le conflit, le rôle de la Résistance n’a pas non plus était aussi décisif que celui des grandes armées coalisées », précise Jean-Louis Panicacci, historien et conservateur du musée. « Avec la propagande, chacun tourne l’Histoire en sa faveur. »

Entrée gratuite du lundi au vendredi 14h -16h30(samedi: réservation nécessaire). L’Arénas, Le Phare, place Mosaïques, 455 Promenade des Anglais. 04.93.81.15.96.