En 1640, il était « peintre du roi », adulé par Louis XIII. En 1900, il n’était plus rien. Pas même un nom, une signature : un fantôme oublié. La redécouverte de Georges de La Tour, « c’est un roman policier, l’un des plus importants de l’histoire de l’art », assure Gail Feigenbaum. Co-commissaire de l’exposition que lui consacre le musée Jacquemart-André (avec le conservateur Pierre Curie), celle-ci fait partie des enquêteurs lancés sur les traces du maître des « nuits » (tableaux nocturnes), qui fait aujourd’hui palpiter le cœur de tout amateur d’art.

Sur sa vie, son œuvre, demeurent mille lacunes. Mais une chose est sûre désormais : La Tour n’était « pas ce petit artiste isolé qui peint des tableaux à la chandelle au fin fond de la Lorraine, résume Jean-Pierre Cuzin, auteur d’une monographie consacrée au peintre (éd. Citadelles & Mazenod). C’est d’autant plus étonnant qu’après sa mort, il tombe dans un oubli complet. »

Un artiste sorti de l’oubli

Commençons par l’histoire de sa fascinante redécouverte. On la doit aux premières intuitions, à la fin du XIXe siècle, du Lorrain Alexandre Joly, conservateur au musée de Lunéville qui reconstitue les premières bribes de sa carrière, puis à l’historien de l’art Hermann Voss. En 1915, alors qu’il dirige les musées de Berlin, celui-ci a l’idée de rapprocher deux scènes nocturnes du musée de Nantes, le Reniement de saint Pierre et l’Apparition de l’ange à saint Joseph, d’une autre conservée à Rennes, le Nouveau-Né, suggérant qu’elles sont de la même main.

Georges de La Tour, Le Reniement de saint Pierre

Georges de La Tour, Le Reniement de saint Pierre, 1650

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Coll. musée des Beaux Arts Nantes / Aurimages • © musée des Beaux Arts Nantes / Aurimages

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