Par

Thomas Rideau

Publié le

9 sept. 2025 à 17h14

A-t-on le droit d’être malpoli au travail ? Ou « discourtois » ? Rien de gravissime, sauf si, peut-être, on a un métier en contact régulier avec des usagers. Voire des clients. C’est en tout cas pour ces motifs que La Poste de la Seine-Maritime a sévèrement sanctionné l’un de ses agents dans le pays de Caux en lui reprochant son manque d’amabilité. On vous explique cette étonnante audience qui s’est tenue au tribunal administratif de Rouen, ce mardi 9 septembre 2025.

Douze réclamations contre un agent malpoli

Paul* est un agent de La Poste dans le pays de Caux. Depuis plus de 30 ans, il occupe un emploi dans lequel il dirige, aide ou guide les clients au sien d’une agence de La Poste. Et chaque jour, il prend en charge une dizaine de dossiers. Tout semble se dérouler pour le mieux jusqu’à une première alerte en 2023.

La rapporteure du tribunal administratif qui traite le dossier rappelle les faits et cite notamment « 12 réclamations réalisées par des clients » en l’espace de quelques mois entre 2023 et 2024. L’objet de ces réclamations ? Le comportement de Paul. Celui-ci aurait tenu « des propos inappropriés envers les clients et des manquements dans sa manière de recevoir » les usagers, cite la rapporteure.

Un problème d’attitude ?

Des propos qui portent atteinte « au principe du respect des personnes et à l’image de La Poste ». « Ces réclamations sont circonstanciées » et mettent en avant le « problème d’attitude et l’agressivité de l’agent ». Pour elle, pas de doute, « la matérialité des faits est établie ainsi que leur caractère fautif. » En 2024, La Poste prononce une sanction administrative, à savoir : une suspension de trois mois dont deux avec sursis.

Mais pour le conseil de Paul, le problème ne situe pas vraiment là. « On parle de propos inappropriés, mais ceux-ci ne présentent pas de caractère objectivement insultant ! » Et pour lui, très clairement, la sanction est « disproportionnée. » « Ce sont des propos qui témoignent d’un agacement du requérant qui se trouve seul avec une forte charge de travail. »

Un agacement

Et de préciser : « De nombreux éléments doivent être pris en considération, il y a des aléas techniques », mais aussi des problèmes de personnel manquant et, tout cela, « génère de l’agacement chez l’agent ». Surtout, pour le conseil de Paul, ce dernier n’avait jamais fait l’objet d’une sanction. « C’est une première et ce n’est pas proportionné. »

Pour La Poste, représentée à l’audience du jour, pas de doute sur la sanction, elle est méritée. « Il y a un manque de courtoisie, un défaut de conseil et ce ne sont pas des actes isolés. On attend de lui un comportement exemplaire. » Et justifie la sanction en soulignant qu’il « n’y a pas de remise en question de sa part ». Sanction justifiée, injuste ou disproportionnée ? Réponse du tribunal dans quelques jours.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

*Le prénom a été modifié

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.