Bernard Arnault pourrait vendre Le Parisien à Vincent Bolloré, selon des rumeurs insistantes qui inquiètent vivement les journalistes du groupe.

LUDOVIC MARIN, THOMAS SAMSON / AFP

Bernard Arnault pourrait vendre Le Parisien à Vincent Bolloré, selon des rumeurs insistantes qui inquiètent vivement les journalistes du groupe.

MEDIAS – « Ce serait une catastrophe ». C’est par une lettre ouverte à leur propriétaire Bernard Arnault que les journalistes et les syndicats du Parisien ont réagi à la rumeur insistante selon laquelle le groupe pourrait être vendu à nul autre que… Vincent Bolloré, le milliardaire réactionnaire et ultraconservateur, propriétaire de Canal+ ou du JDD.

« Vendre cet héritage éditorial au groupe Bolloré reviendrait à livrer à une idéologie militante d’extrême droite un des grands quotidiens du pays, à appauvrir la pluralité de l’information en France », ont-ils estimé dans cette lettre adressée à Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH et propriétaire de nombreux titres de presse.

Exprimant leur « très vive émotion », la Société des journalistes du Parisien et les représentants syndicaux SNJ, SNJ-CGT et SGLCE-CGT demandent à Bernard Arnault de « renoncer » à cette vente, dans le cas où il l’envisage.

« Cette histoire vous oblige »

Cette lettre ouverte fait suite à un article publié ce lundi 8 septembre par le magazine Challenges sur une éventuelle vente à Vincent Bolloré, après des rumeurs récurrentes depuis plusieurs semaines. Ce mardi, Le Nouvel Obs est même allé plus loin, en affirmant que l’industriel breton était désormais le « favori » dans le cas d’une éventuelle revente du Parisien par Bernard Arnault. Les deux milliardaires se seraient rencontrés durant le mois d’août à Saint-Tropez, affirme le magazine, après déjà de premières ébauches de négociation en juin dernier.

« Le Parisien est un grand journal. Un quotidien historique, né en 1944 à la Libération de Paris » et est « devenu un acteur incontournable du paysage médiatique », soulignent les signataires de la lettre. « Cette histoire vous oblige. Vous en êtes le garant depuis que LVMH a racheté le Parisien il y a dix ans », plaident-ils auprès de Bernard Arnault.

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Contactée par l’AFP, la direction du Parisien n’était pas immédiatement joignable. Mais le quotidien vient de connaître un plan de réorganisation, avec la suppression prévue de près de 40 postes. Cette annonce avait entraîné en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction.

Des empires médiatiques colossaux

Bernard Arnault est actionnaire du Parisien/Aujourd’hui en France et aussi du quotidien Les Échos et de Radio Classique. Il a aussi racheté cette année la totalité du quotidien libéral L’Opinion, ainsi que du site d’actualité financière L’Agefi. Fin 2024, LVMH a racheté en outre Paris Match au groupe Lagardère, qui était dans le giron de Vincent Bolloré.

De son côté, le milliardaire ultra-conservateur contrôle le groupe Canal+, qui comprend notamment CNews, leader habituelle des chaînes info en part d’audience. Vincent Bolloré est en outre présent dans la presse magazine via le numéro un du secteur Prisma Media (Voici, Capital, Femme actuelle…), et il contrôle Lagardère (Europe 1, JDD…).

Cette acquisition de Lagardère en 2023 s’est accompagnée d’un profond remaniement au JDD, avec un directeur très proche de l’extrême droite, Geoffroy Lejeune, entraînant une grève et des départs massifs, comme auparavant à i-Télé (devenue CNews) et Europe 1.