Elle avait consacré sa vie à la transmission et à l’enseignement. Soizick Jarno, professeure d’histoire-géographie pendant plusieurs dizaines d’années en Loire-Atlantique, depuis peu employée aux archives diplomatiques de Nantes, est décédée lundi 8 septembre. Son corps a été découvert, sous une couverture, la tête recouverte d’un sac-poubelle, au sein d’une dépendance de sa maison, elle-même détruite par un incendie. Une enquête a été ouverte par le parquet de Saint-Nazaire pour homicide volontaire.

« C’était une femme discrète, polie et très gentille »

Cette femme, âgée de 60 ans, a grandi à La Turballe avec ses parents René et Jeannette, ainsi que ses deux frères. « Une famille bien connue et très appréciée dans la commune », atteste le maire de La Turballe, Didier Cardo. Après le décès de ses parents, l’enseignante hérite de la maison familiale et s’installe au 23, rue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, à l’angle de la rue de la Poste, à quelques encablures du front de mer.

Une maison dans laquelle elle emménage à l’époque avec son fils adoptif, aujourd’hui âgé de 23 ans. « C’était une femme discrète, polie et très gentille », assure un habitant de la rue. « Je ne la connaissais pas très bien, abonde une autre, mais elle disait toujours “bonjour” quand on la croisait, en baladant ses chiens. »

Les deux animaux ont d’ailleurs été retrouvés en déshérence sur la plage des Bretons, à quelques centaines de mètres du domicile. « Un voisin les a vus passer devant chez lui vers 6 h 30 », assure l’ancien édile de La Turballe, Jean-Pierre Branchereau, qui vit à proximité. L’heure à laquelle les pompiers sont contactés par une riveraine pour les alerter de l’incendie du pavillon. Une voisine calme et sans histoire, donc, mais aussi une collègue particulièrement estimée par ses pairs.

« Une enseignante appréciée et très investie »

« De l’avis de tous, elle était une enseignante appréciée et très investie », confie Bethsabée Parry, une professeure de philosophie qui l’a connue à La Baule. Son investissement justement, nous en avions déjà parlé dans un article publié en mars 2019. On y apprenait que Soizick Jarno, alors professeure d’histoire géographie au lycée Grand-Air, à La Baule (Loire-Atlantique), avait encadré, avec deux de ses collègues, un important travail de recherches d’archives autour des déportés juifs de l’actuelle Loire-Atlantique. Mais ce n’est pas tout : trois ans plus tôt, alors enseignante au lycée de Bouaye, Soizick Jarno avait fait plancher ses élèves de première S sur l’histoire de Berlin pendant la guerre froide.

Un projet de longue haleine, comme elle nous le décrivait en juin 2016 : « De janvier à juin, on a travaillé trois heures par mois avec les élèves sur ce thème, en fonction des documents originaux disponibles aux archives diplomatiques, où nous avons passé une journée. » Et d’ajouter : « Les lycéens ont été réceptifs et se sont tous impliqués. »

Pour motiver les professeurs de Loire-Atlantique, le rectorat avait organisé une restitution de leurs travaux au cœur du centre des archives diplomatiques (CADN), à Nantes. Et c’est justement au CADN qu’elle posera ses cartons quelques années plus tard. « Elle avait décidé de changer de métier après les confinements successifs, se remémore Jean-Pierre Branchereau. Elle en avait marre de donner des cours en visio. Ce n’était pas sa vision de ce métier. » Car ce qu’elle aimait dans son métier d’enseignante, c’était avant tout l’humain. « Elle était discrète, c’est vrai, souffle une voisine et amie. Mais elle était surtout très humaine. Elle ne méritait pas ça. »