« Bloquer tout ». Du périphérique parisien aux rocades en régions en passant par les grandes gares, universités ou entreprises, les nombreuses initiatives du mouvement Bloquons tout, ce mercredi 10 septembre 2025, ne cessent d’essaimer partout en France.
Le succès était cette nuit encore incertain. Il n’empêche que l’initiative Bloquons tout, censé mettre la France à l’arrêt ce mercredi 10 septembre 2025, inquiète les autorités. Preuve en est, le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a déployé dès mardi soir les forces de l’ordre « sur des zones sensibles », promettant une « tolérance zéro ». Lui qui avait annoncé dès lundi soir que quelque « 80.000 gendarmes et policiers » seraient mobilisés.
Mobilisés pour maintenir l’ordre alors que près de 100 actions en Ile-de-France et plus de 600 en régions, des métropoles aux petites villes, sont prévues, selon un bilan provisoire s’appuyant sur une carte collaborative (www.cartedesagbfc.gogocarto.fr).
Un bilan provisoire des actions Bloquons tout s’appuie sur une carte collaborative (www.cartedesagbfc.gogocarto.fr).
MIDI LIBRE – Midi Libre
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a dit mardi s’attendre à des « actions coups de poing », blocages voire sabotages, mais ne pas penser « que ce mouvement mobilise la société civile ». On fait le point :
1. Étudiants et lycéens
Près de 30 universités françaises organisaient mardi à la mi-journée leurs assemblées générales pour décider de leurs actions mercredi. Sur le campus Jussieu à Paris, une assemblée de plusieurs centaines de personnes a voté un rassemblement devant ce site mercredi matin. Mais l’option d’un blocage, soumise au vote, n’y a rassemblé que quatre voix pour. Les étudiants parisiens convergeront vers la place de la Sorbonne pour aller ensuite place du Châtelet à la mi-journée, où un rassemblement syndical est prévu.
« On a bien tous vu que le gouvernement de Bayrou est tombé hier. Comment est-ce qu’on fait pour que tombent avec lui les politiques qu’il mène contre les étudiants et les étudiantes ? », s’est demandé Eloise Lefebvre Milon, cosecrétaire générale de l’Union étudiante. La direction de Sciences Po a indiqué que ses sites à Paris et dans les régions resteraient fermés mercredi, avec des enseignements assurés à distance.
Côté lycées, « on doit prendre part à ce mouvement social, parce qu’on est les premiers et les premières concernés par le budget », a expliqué Sofia Tizaoui, présidente de l’Union syndicale lycéenne, premier syndicat lycéen, qui a appelé au blocage des lycées.
2. Les transports
Dans l’Ouest, les citoyens mobilisés se donnent rendez-vous dès 6 heures mercredi dans la perspective de bloquer les rocades de Rennes et Nantes. Des actions similaires ou des barrages filtrants sont également annoncés dans les boucles de messagerie à Brest, Vannes ou Caen.
Les Intercités, RER et Transiliens seront plus affectés que les TGV, métros, tramways ou bus parisiens
A Paris, dès minuit dans la nuit de mardi à mercredi, des militants prévoient de bloquer plusieurs portes du périphérique (La Chapelle, Bagnolet, Montreuil, Italie, Orléans notamment) et de poursuivre leurs blocages dans la matinée. Dans la matinée également, plusieurs assemblées générales se tiendront dans les gares parisiennes (gares du Nord et de Lyon).
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Dans les transports en commun, les Intercités, RER et Transiliens seront plus affectés que les TGV, métros, tramways ou bus parisiens. La direction générale de l’Aviation civile (DGAC) prévoit des perturbations et des retards « sur l’ensemble des aéroports français » mercredi.
3. Sites industriels et plateformes logistiques
Commerces, raffineries, hôpitaux, éboueurs, usines… De nombreux salariés ont prévu de bloquer des entreprises. Le géant Amazon pourrait être perturbé par un piquet de grève sur le site de Brétigny-sur-Orge (Essonne), à partir de 12 heures. A Dunkerque, une grève est prévue chez ArcelorMittal, qui a annoncé ces derniers mois un important plan de licenciements. Les salariés des raffineries de Gonfreville-L’Orcher, près du Havre (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), et Feyzin (Rhône), toutes trois exploitées par TotalEnergies, sont appelés « à cesser le travail le 10 », a indiqué à l’AFP Eric Sellini (CGT).
En Seine-Maritime, la CGT appelle également les salariés du secteur à rejoindre le piquet de grève près de la centrale nucléaire de Paluel. Au sud de Rouen, l’usine Ampère de Renault, plus gros employeur de la région, sera en grève. A l’appel de la CGT, les éboueurs ont déposé au moins une quinzaine de préavis de grève dans diverses régions de France, « principalement dans les zones rurales ».
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4. Rassemblements et défilés
Plusieurs responsables de la CGT seront rassemblés mercredi dès 9h30 devant le ministère du Travail, à l’initiative de ses fédérations du commerce et de la chimie. De premiers cortèges sont prévus à Rennes et Nantes dès 11 heures. Les unions départementales parisiennes de la CGT, FSU et de Solidaires se sont donné rendez-vous dès 13H00 dans le centre de la capitale, place du Châtelet. A 14h30, une manifestation est annoncée à Toulouse.