BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
L’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani s’entretient avec le président américain Donald Trump, le 15 mai 2025.
INTERNATIONAL – La décision d’attaquer a été prise par Netanyahu, « pas par moi », a martelé le président américain. Donald Trump a pris nettement ses distances ce mardi 9 septembre avec l’attaque menée par Israël au Qatar, qui pourrait compliquer les projets diplomatiques du président américain dans la région. Même si Doha a indiqué qu’elle continuerait de jouer le rôle de médiateur dans la guerre à Gaza, elle affirme « se réserver le droit de répondre ».
Le dirigeant républicain est « très mal à l’aise » face aux frappes contre des responsables du Hamas à Doha, a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche. « Bombarder unilatéralement au Qatar, une nation souveraine et un allié proche des États-Unis qui travaille dur, avec courage, et qui prend des risques, pour négocier vers la paix (à Gaza), ne promeut pas les objectifs d’Israël ni de l’Amérique », a poursuivi Karoline Leavitt à la presse. « Le président voit le Qatar comme un allié de poids, un ami des États-Unis », a-t-elle insisté.
Donald Trump a eu l’occasion de le faire savoir au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avec qui il a parlé après l’attaque. Il s’est aussi entretenu avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.
Confusion sur les échanges d’informations autour de cette attaque
Le républicain s’était rendu au Qatar en mai, dans le cadre d’une tournée de plusieurs États du Golf, et y avait reçu un accueil particulièrement chaleureux. L’État, qui abrite une immense base militaire américaine, lui a offert un Boeing 747-8, estimé à 400 millions de dollars par des experts. Le milliardaire de 79 ans, passant outre les accusations de corruption de l’opposition démocrate, a accepté cet appareil destiné à devenir son avion présidentiel.
Une certaine confusion règne par ailleurs sur les échanges d’informations autour de cette attaque d’Israël, grand allié des États-Unis et dont Donald Trump a jusqu’ici soutenu les opérations militaires à Gaza. Plus précisément, il reste difficile de comprendre comment, par quels canaux et à quel moment Washington a été informé de l’opération.
« L’administration Trump a été notifiée ce matin (mardi) par l’armée américaine » de l’attaque israélienne à venir, a déclaré Karoline Leavitt au cours d’un point presse. « Le président Trump a immédiatement ordonné à l’émissaire (Steve) Witkoff d’informer le Qatar de l’attaque imminente, ce qu’il a fait. »
Le président américain a, lui, précisé que les États-Unis avaient prévenu le Qatar, mais que l’avertissement leur était parvenu « malheureusement trop tard pour arrêter l’attaque. »
« Les déclarations selon lesquelles le Qatar aurait été informé à l’avance de l’attaque sont sans fondement. L’appel d’un responsable américain a eu lieu alors que les explosions étaient entendues à Doha », a réagi le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, sur X. Interrogée sur la question, la porte-parole de la Maison Blanche a refusé de préciser si Israël avait prévenu les États-Unis de son intention de conduire des frappes à Doha.
Une haute responsable de la Maison Blanche avait pourtant, plus tôt dans la journée, indiqué à l’AFP que Washington avait été prévenu par Israël.
Les grandes ambitions diplomatiques de Trump compromises ?
Le président américain a assuré aux dirigeants du Qatar « qu’une telle chose ne se reproduirait pas sur leur sol », a ajouté la porte-parole. « Cependant, éliminer le Hamas, qui a profité de la misère de ceux qui vivent à Gaza, constitue un but louable », a également déclaré Karoline Leavitt depuis le pupitre de la salle de presse de la Maison Blanche.
L’attaque à Doha, unanimement condamnée par les dirigeants des pays de la région, pourrait compromettre l’une des grandes ambitions diplomatiques de Donald Trump, à savoir pousser le processus de normalisation des relations entre Israël et les États arabes.
Les frappes, qui ciblaient des responsables du Hamas, interviennent quelques jours après que le président américain eut assuré que les États-Unis menaient une « négociation approfondie » avec le mouvement islamiste palestinien concernant les otages israéliens retenus à Gaza. Le Hamas a affirmé que six personnes avaient péri dans les frappes, mais qu’aucun de ses négociateurs n’avait été tué.