Publié le
10 sept. 2025 à 6h04
Sous les néons terreux, un cortège désarticulé et bruyant. Ici, un couple pressé slalome entre les valises pour rejoindre des amis. Là, une famille perdue, yeux rivés sur le téléphone et gestes d’incompréhension. En ce mardi 9 septembre 2025, vers 10 heures, les touristes ont pris d’assaut la station de métro de l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), terminus aux contours modernes et épurés de la ligne 14. Au centre du hall d’accueil, à proximité des portiques d’accès au réseau d’Île-de-France Mobilités (IDFM) exploité par la RATP, Mirline est assénée de questions. Autour d’elle, cinq personnes patientent pour obtenir des informations sur les moyens de rallier Paris. En poste depuis l’ouverture de la gare, en juin 2024, la jeune hôtesse d’accueil identifiable dans la foule à sa chasuble bleue ne montre aucune peine à aiguiller les visiteurs. Une assurance impérieuse dans le cadre des missions allouées à ces employés en première ligne face aux pérégrins égarés.
Un hub stratégique
Le déploiement de 21 Gilets bleus au terminus de la ligne 14 relève tout sauf du hasard. Car la liaison souterraine entre la capitale et l’aéroport d’Orly est soumise à une tarification spéciale. Sauf possession d’un abonnement Navigo, le ticket coûte 13 euros. Ce décalage entre le prix appliqué dans le réseau francilien et celui affiché vers Orly peut ainsi susciter de l’incompréhension.
Des couacs ont même été constatés au démarrage de la station, en pleine période des Jeux olympiques de Paris.
« Les Navigo à la semaine, les forfaits Imaginaire R, ne fonctionnaient pas bien. C’était très compliqué. Mais le système a été amélioré, c’est beaucoup plus fluide »
Mirline
Agente d’accueil RATP à la station aéroport d’Orly
Dans cette gare très fréquentée, le flux de passagers ressemble à une fourmilière. Vêtus de leur gilet bleu, en écho à la signalétique d’IDFM, les agents demeurent les premières sources d’information.
Mirline distille des conseils à une voyageuse au terminus de la ligne 14.Des roulements et de la polyvalence
« On est un premier lien avec la France pour les étrangers. On doit prendre le temps de les écouter et de les informer avec le plus de clarté possible. C’est surtout un boulot de pédagogie qui demande de l’empathie et de l’écoute », synthétise Mirline à actu Paris, au mitan d’une journée commencée aux aurores. Chaque jour, parfois le week-end, l’hôtesse d’accueil alterne les taches, avec une amplitude horaire couvrant le fonctionnement quotidien du métro, de 5h15 à 1 heure du matin.
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À chaque session, du matin au soir, quatre agents se relaient au point d’information services, où la carte bancaire est le seul moyen de paiement autorisé, près de la vingtaine de bornes d’achat et rechargement de titre, et dans le centre de commandement de la station. Six mois de formation ont été nécessaires à l’acquisition de compétences, à l’image de la sécurité incendie ou de gestes basiques de maintenance. Et l’intensité du travail dépend de l’activité de l’aéroport.
« Entre 5 heures et 8 heures, c’est calme. Puis, ça arrive par vague, et ça peut être assez fort »
Mirline
Au point d’information services de la gare d’Orly, un autre moyen de prendre un ticket en direction de Paris. (©AG/ actu Paris)
Profitant une accalmie relative, l’hôtesse d’accueil vient à la rescousse d’un couple de personnes âgées. « Comment fait-on pour acheter un ticket ? On ne comprend pas trop », déplore la retraitée. Après quelques explications, l’agente appuie machinalement sur l’automate. Verdict, 30 euros, et les précieux sésames pour voir les portes s’ouvrir. Valable deux heures, le ticket donne ainsi accès aux cinq zones couvertes par le réseau francilien.
Des situations parfois tendues
Si la majorité des informations distillées se soldent par un sourire, certaines situations restent « tendues ».
« Les gens sont parfois virulents, surtout quand il y a l’aspect financier qui entre en jeu. Dans ces cas-là, on essaie de désamorcer le conflit en prenant une voix calme. Si la personne est trop véhémente, on peut faire appel aux agents de sécurité. Mais ça reste beaucoup plus rare que les opérations de contrôle »
Mirline
Le hall, aux portes de Paris, de la gare d’Orly est un lieu très fréquenté depuis son ouverture en juin 2024, avant les Jeux olympiques. (©AG/ actu Paris)
Dans le quotidien des agents, un point fait souvent l’objet d’attention : la langue. Bien que les bornes d’achat suggèrent des informations en six langues – le français, l’anglais, le portugais, l’allemand, l’italien et l’espagnol-, certains voyageurs s’avèrent peu familiers avec cette offre linguistique. « On va toujours trouver un moyen de converser avec les clients. Les signes et les gestes sont souvent bien compris », affirme Mirline.
Il est 11h30. Retour au bureau pour l’agente. La fin de sa journée approche. Il est temps de faire une passation avec la prochaine équipe. La semaine reste longue. De l’autre côté de la vitre, le flot de voyageurs ne s’interrompt. Il en sera ainsi jusqu’à la fermeture de la station.
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