L’ETA (Electronic Travel Authorisation), ce visa obligatoire pour se rendre au Royaume-Uni, avait déjà fait grincer des dents lors de sa mise en place en avril. La démarche est hélas complexifiée par les nombreux sites sponsorisés qui facturent parfois jusqu’au quintuple du prix officiel.
Parti à Londres en août avec sa femme, Michel ne s’est d’abord pas méfié. Oui, il savait par sa fille que, depuis avril, il fallait posséder la fameuse ETA, la nouvelle autorisation de voyage pour se rendre au Royaume-Uni. Et c’est à peu près tout. Quelques jours avant leur départ pour la capitale britannique, il lance les démarches : « J’ai tapé ’ETA UK’ sur Internet. Le premier site qui est apparu dans la liste semblait sérieux et crédible, dans sa présentation comme dans ses demandes. Rien ne m’a paru suspect, mis à part le prix. 97 pounds (un peu plus de cent euros, NDLR) par personne, j’ai trouvé que c’était vraiment beaucoup », raconte-t-il, encore sous le coup de sa mésaventure. Il règle néanmoins la somme, pensant que c’est là le tarif en vigueur. Mais le doute s’installe. Au terme de plus amples recherches, « j’ai finalement trouvé le site officiel du gouvernement britannique. C’est là que j’ai vu que le prix réel de l’ETA était de 16 pounds (19 euros, NDLR) », confie le sexagénaire, pourtant habitué des voyages et des visas.
Sur le site du gouvernement britannique, Michel, qui cherche de l’aide pour se dépêtrer de l’affaire, finit par trouver un chatbot. « Ils m’ont conseillé de voir directement avec le site de voyagistes qui m’avait facturé. Ils m’ont aussi partagé le site de la police dédiée aux fraudes. Enfin, ils m’ont conseillé de bloquer le prélèvement bancaire. » Au final, Michel aura perdu quatre heures en démarches (car, dit-il, « les demandes d’informations du site sponsorisé étaient beaucoup plus nombreuses et exigeantes que celles du site officiel »).
Et il aura perdu presque 50 euros – ayant dû débourser deux fois 24 euros en frais de photos d’identité, pour lui et sa femme. Les photos ont été faites chez un photographe – sur demande expresse du site sponsorisé… « J’ai demandé à ce site d’effacer toutes les données d’identité qu’ils m’avaient réclamées (numéro de passeport, de carte bleue, etc.) », confie Michel. Mais le feront-ils ?
Prélèvement mensuel automatique de 39 euros
Françoise, comme bien d’autres, a elle aussi connu son lot de déboires ubuesques dans le sillage de son ETA. Venue à Londres avec son mari en septembre, pour voir son beau-fils qui y vit, elle fait état d’une même difficulté à trouver le site officiel, et constate un vaste manque d’informations. Elle et son mari sont « d’abord tombés sur des sites sponsorisés », sans se rendre compte qu’ils l’étaient. « L’un d’eux voulait nous facturer 49 euros par ETA », raconte-t-elle. Croyant qu’il s’agit là du seul et unique site accrédité, son mari commence à remplir les champs d’information.
Elle se méfie, et épluche les appendices. Elle fait bien, car elle découvre alors qu’ils n’ont que 72 heures pour s’opposer à un prélèvement mensuel automatique de 39 euros… Vite, elle trouve le numéro à joindre, refuse l’abonnement en question mais les difficultés continuent. « Il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas pour faire notre ETA ; les gens de ce site m’ont fait refaire les photos d’identité plusieurs fois ». À la fin, c’est son beau-fils qui s’est chargé de la seconde ETA. « Il a fait ça en 5 minutes sur le site officiel », conte-t-elle. Françoise déplore au final une « expérience très compliquée, car on ne sait pas sur quel site se diriger… »
Ce que dit le service public
Le site officiel de l’administration française (service-public.fr) rappelle dans son volet dédié à l’ETA qu’il « est recommandé de bien vérifier le site sur lequel vous achetez votre ETA. Il doit relever du gouvernement britannique (en langue anglaise) ». Plus haut sur le site, il est mentionné que « le coût de l’ETA est de 16 livres sterling, soit environ 19 € ».
De son côté, le site gov.uk (seul site officiel pour faire son ETA) prévient aussi : « Une ETA coûte 16 pounds. D’autres sites peuvent vous facturer plus. Évitez les sites qui imitent les services gouvernementaux ». Voyageurs, sachez-le donc : n’allez que sur le site gov.uk, qui dispose d’un volet dédié à l’ETA, ou sur l’application UK ETA (voir l’App Store et Google Play).