La Plateforme numérique à Marseille - ChantierLe chantier sur l’entrée Se développant sur 18 000 m2 de surface de plancher, le campus de La Manufacture numérique commence à prendre forme en bordure du chemin de la Madrague-Ville, juste au nord du nouveau collègue jésuite Loyola livré cet été. (C.W.) La Plateforme numérique à Marseille - Perspective sur l'entréePerspective sur l’entrée L’entrée du futur campus de La Plateforme numérique se situera sur la rue de la Madrague-Ville, à l’ouest du site. (Encore Heureux) La Plateforme numérique à Marseille - AxonométrieL’axonométrie Les constructions neuves sont les bâtiments A et B. Les halles rénovées sont les bâtiments 1, 2, 3, 4. (caroline lasson/Icade Promotion) La Plateforme numérique à Marseille - Le socleLe socle Le socle double-hauteur se déploie sur 11 m de haut. (C.W.) La Plateforme numérique à Marseille - Perspective aéreinnePerspective aérienne Le campus sera dominé à l’ouest par une passerelle autoroutière, bordé au sud par le collège privé Loyola et à l’est par une usine EDF. (Encore Heureux) La Plateforme numérique à Marseille - Chantier du bâtiment AChantier du bâtiment A Le bâtiment A jouxtera la future place Joséphine. (C.W.) La Plateforme numérique à Marseille - Perspective locaux d'enseignementPerspective sur les locaux d’enseignement Desservis par des passerelles métalliques, les locaux d’enseignement seront aménagés sur des grands plateaux libres situés au-dessus d’un socle de 11 m de haut. (Encore Heureux) La Plateforme numérique à Marseille - Chantier sur une ancienne halleChantier sur une ancienne halle L’ancienne halle abritera le restaurant, alors que le gros œuvre est terminé. (C.W.) La Plateforme numérique à Marseille - Perspective sur le restaurantPerspective sur le restaurant Le restaurant, surmonté d’un toit-terrasse ouvert aux étudiants, est aménagé dans une des quatre halles industrielles conservées. (Encore Heureux)

Dans le secteur en renouvellement urbain de Cazemajou au nord de Marseille, les chantiers battent leur plein. Celui du campus de La Plateforme numérique est l’un d’eux. A l’étroit dans les locaux actuellement occupés du côté de la place de la Joliette, l’école privée fondée par Cyril Zimmermann pour former aux métiers du digital et aux nouvelles technologies va en intégrer, à la rentrée 2026, des nouveaux, plus au nord. Le choix de l’entrepreneur s’est porté sur un ensemble d’anciens bâtiments industriels, d’âge et de construction différents, situés le long de la rue de Madrague-Ville au cœur de la ZAC Littoral aménagée par l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée.

Délai serré

Pour réaliser le campus de 18 000de surface de plancher et le livrer à la rentrée 2026, la société de projet de Cyril Zimmermann a signé un contrat de promotion immobilière avec Icade Promotion. Choisi en 2022 avec comme condition de reprendre le projet imaginé par Encore Heureux (mandataire), le promoteur a, de son côté, confié à Bec Construction, filiale du groupe Fayat, la conduite du chantier en lui attribuant un macrolot.

L’enjeu n’est pas mince. Sur une parcelle de 11 387 m², coincée entre une passerelle autoroutière et une usine EDF, il s’agit de sortir de terre, en deux ans, un campus mixant des salles d’enseignement, un restaurant associé à une école de cuisine et des espaces culturels (cinéma, auditorium, etc.). Le tout abrité dans deux bâtiments neufs (10 953 m² SP) et quatre anciennes halles industrielles (7 000 m² SP environ).

Compte tenu de la complexité de l’opération, du délai serré de réalisation et d’un budget contraint, l’entreprise a été impliquée dans le processus itératif deux ans avant les premiers coups de pioche, en juillet 2024. « Le budget imparti aux travaux d’une quarantaine de millions d’euros nous a obligés à réfléchir à des variantes, de concert avec la maîtrise d’œuvre et les équipes techniques d’Icade. Nous sommes entrés dans le projet en acceptant de ne pas être rémunérés pendant la phase des études structurelles et diagnostics mais avec la promesse d’obtenir le marché si nous trouvions les solutions conciliant respect des principes définis par les architectes et budget », raconte Guillaume Faure, directeur travaux chez Bec Construction.

Quatre halles conservées

Cette phase de prise en mains a permis, notamment, de vérifier la solidité des quatre halles conservées et de ne démolir que 10 % des planchers plutôt que les 50 % prévus au départ. Ce qui a forcément réduit le coût des travaux. L’intervention sur les halles se limite à des reprises en sous-œuvre, à la création d’escaliers et de cages d’ascenseur.

Pour la partie neuve, les deux bâtiments (à R+5 et R+6) sont compacts et simples avec des niveaux supérieurs composés de grands plateaux libres. Outre les circulations extérieures métalliques reposant sur un porte-à-faux en béton de 3,50 m de large, ils ont pour particularité de reposer sur un socle en béton de 11 m de haut alternant façades pleines et baies vitrées. Ce dernier, coulé en une seule fois sur toute la hauteur, a particulièrement mobilisé les équipes de Bec Construction, qui ont fabriqué sur place les coffrages afin de rendre la modénature voulue par les architectes.

Un autre exemple de variantes pour des raisons de coût et de délai a été la décision de remplacer, dans les constructions neuves, l’ossature bois par une structure en béton avec remplissage de briques ensuite habillée d’une isolation par l’extérieur recouvertes d’un enduit.

Couture fine

Pour Agathe Sicard, responsable de l’antenne marseillaise d’Encore Heureux, « l’adaptation est une obligation quand on intervient sur de l’existant ». « Nous sommes dans de la couture fine, dans le respect des procédés constructifs originels avec mise en valeur des moellons, des structures, etc. », pointe-t-elle, mettant en avant les efforts de réemploi avec l’aide de Cycle Up. Les tuiles abîmées serviront de paillage au jardin méditerranéen aménagé en cœur d’îlot. Les bancs seront faits avec les solives bois issus d’une charpente d’un bâtiment démoli, et les arceaux pour vélos avec l’ancienne charpente métallique.

Malgré les adaptations intervenues au cours du chantier, l’esprit du projet n’a pas évolué pour autant avec les principes de coursives extérieures qui servent aussi de brise-soleil, de grands plateaux modulables, tout comme celui de relier les bâtiments par des passerelles métalliques. Celles-ci seront connectées au toit-terrasse, posée au-dessus du restaurant, cœur névralgique du campus.

Deux chantiers en un

A la contrainte du respect des délais et du budget s’ajoutent la gestion de la co-activité avec les nombreux chantiers en cours dans ce secteur en plein essor de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, et celle de la diversité des ouvrages à réaliser à l’instar de l’auditorium et du cinéma. Abritées dans le bâtiment B (voir l’axonométrie), les trois salles de cinéma formeront une boîte indépendante posée sur des ressorts pour résorber les bruits et les désolidariser du reste du bâtiment.

Enfin, l’opération revient à réaliser deux chantiers en un. Guillaume Faure a ainsi constitué deux équipes : l’une dédiée à la rénovation, l’autre à la construction neuve mobilisant respectivement 50 et 80 compagnons.

Un an après les premiers coups de pioche, Bec Construction a achevé le gros œuvre. Sur le même site, sur sa frange nord, la résidence étudiante attenante – conçue par Kristell Filotico et d’une capacité de 220 lits sur 5 290 m² SP -, est quasiment achevée. Achetée par le bailleur social Unicil, elle sera exploitée par Arpej (160 studios) et Résid’up (15 appartements en colocation).

Pour Jérôme Rousson, directeur des programmes chez Icade Promotion, la satisfaction est de mise, d’autant que l’opération répond au plan stratégique Reshape du groupe consistant à privilégier la reconstruction de la ville sur elle-même. « C’est la 6e opération de ce genre en Provence-Alpes-Côte d’Azur », rappelle-t-il, ajoutant que « le projet permettra, en outre, de renaturaliser 2 165 m² par rapport à l’existant ».

A la livraison du campus, prévue en septembre 2026, les 3 000 étudiants attendus découvriront un quartier totalement transformé dans cette partie arrière-portuaire de la cité phocéenne. A cette date, l’extension de la ligne nord-sud du tramway sera en service et l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée aura réalisé les espaces publics, dont la future place Joséphine sur laquelle donneront La Plateforme numérique et le collège privé, tout juste livré.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Société du développement du campus de la Plateforme

Promoteur immobilier : Icade

Investisseurs : Meridiam, Anru, Banque des Territoires, Crédit agricole Alpes-Provence

Maîtrise d’œuvre : Encore Heureux, architecte mandataires ; Khephren, BET structure ; Eco+Construire, économiste ; Atelier Rouch, acousticien ; Wagon Landscaping, paysagiste ; Arep, BET VRD ; B52, BET fluides ; Zefco, BET environnement ; Advea, préventionniste ; Kantara, programmiste

AMO environnement : EODD

Bureau de contrôle et CSPS : Qualiconsult

AMO réemploi : Cycle Up

Entreprises intervenant sur La Plateforme numérique : Bec Construction Provence (lots architecturaux, CVC, CFO, CFA) ; Intertravaux (terrassement et dépollution) ; Paysages Méditerranéens (espaces verts et VRD)

Montant des travaux : 75 millions d’euros HT (au global, résidence comprise) dont 41 millions d’euros HT (Bec Construction) 

Calendrier prévisionnel des travaux : de juillet 2024 à août 2026

Labels visés : Breeam RFO 2015 Very Good ; BBC Effinergie Rénovation pour les quatre bâtiments réhabilités ; Breeam NC 2016 Very Good ; RT 2020 seuils 2022 et 2025 pour les deux bâtiments neufs