» Vous attendez qu’il y ait un mort pour qu’il se passe quelque chose? », s’énerve Didier Boïko, riverain et fonctionnaire au Quay d’Orsay.

Sur le haut du boulevard Gambetta, à l’angle du boulevard Joseph-Garnier, rouler tient plus du rodéo urbain que d’un simple trajet en voiture. Les automobilistes franchissent les creux de la chaussée comme s’ils traversaient des dunes. Pour leurs amortisseurs, c’est un calvaire; pour les deux-roues, un véritable piège. Des travaux doivent avoir lieu depuis des années mais rien n’est encore mis en place comme le commente Didier Boïko dans une plainte adressée par mail à Nice-Matin. Sur place, pas besoin de chercher bien loin pour comprendre l’état de la route.

« J’y travaille depuis quatre ans et demi. J’en ai vu des gamelles. Les scooters qui arrivent un peu vite perdent facilement l’équilibre. C’est dangereux », se désole un serveur de la brasserie Le Garnier.

Le danger se ressent à chaque passage. « Peu importe la voiture, il faut presque s’arrêter si tu ne veux pas racler le dessous, lâche un riverain excédé. C’est une honte. »

Des clients secoués comme dans des auto-tamponneuses

Les nids-de-poule compliquent la vie de tout le monde. Un chauffeur VTC, contraint de déposer des voyageurs à l’angle de l’avenue avec leurs valises, ne cache pas son agacement: « Ici, ça bouche tout de suite. Impossible d’avancer normalement. » Même les visiteurs de passage sont surpris. « Ça ne fait que trois jours que je suis à Nice et j’ai déjà remarqué, en prenant le bus, que ça secoue énormément », raconte Valérie, venue de Valence.

Pour les conducteurs de bus, la gêne est palpable depuis que certaines lignes ont été rallongées. Les bus courts évitent au maximum d’approcher les crevasses et pour les navettes nouvelles rallongées, les passagers sont obligés de se tenir pour ne pas être surpris par les secousses.

Cris, insultes et coups de klaxon

À l’heure de pointe, le carrefour vire au chaos. Entre les conducteurs qui grillent les feux, ceux qui se doublent et les coups de klaxon qui fusent, l’ambiance est électrique. « C’est la guerre », lâche Fabrice, installé en terrasse au bar du Joseph-Garnier avec sa compagne. Originaire de Grenoble, il a fait ce constat en empruntant les transports en commun que la route est parsemé de nid-de-poule. Logé durant trois semaines dans le quartier de Cessole, il s’étonne de l’état de la route de l’avenue en comparaison de celles du centre-ville. En apercevant le train des Pignes passer, tous espèrent que la voirie finira par être refaite. En attendant, entre les secousses, les coups de frein et les insultes échangées, circuler sur ce tronçon relève plus de la survie que de la simple conduite.

« La situation devrait être réglée en fin d’année »

Sollicité, le maire de Nice Christian Estrosi s’est exprimé sur la situation: « Nous sommes conscients des difficultés et traitons ce dossier avec grande attention. C’est pour cette raison qu’une réhabilitation totale du secteur est prévue. Face à l’urgence, j’ai demandé aux Chemins de fer de Provence d’intervenir rapidement. Car la résolution du problème passe par la rehausse de la plate-forme. Cette intervention sera effectuée au terme des travaux du réseau d’eau qui débutent en septembre. La situation devrait être réglée en fin d’année. »