La Brasserie Parallèle, entreprise floiracaise historiquement positionnée sur la production de boissons au kéfir, s’est lancée, il y a un peu plus d’un an, sur le marché des bières sans alcool. Une activité qui a pris une certaine ampleur, jusqu’à représenter 60 % des quelque 624 000 euros de chiffre d’affaires réalisé l’an passé.

Engagée dans une démarche écoresponsable et fraîchement labellisée B Corp (1), la Brasserie Parallèle fait désormais le choix d’embouteiller ses boissons dans des bouteilles réutilisables. Une décision qui n’est pas anodine, explique Laurent Drège, cofondateur, avec Guillaume Soares, et dirigeant de l’entreprise : « Outre le petit changement marketing, ces bouteilles coûtent un petit peu plus cher, 7 % en plus. Sur un métier où l’on gagne centime par centime, cela a quand même un impact. »

« Un changement d’habitude »

Pour autant, à l’heure où la consigne retrouve un certain écho en France, cette évolution ouvre aussi des portes à l’entreprise. « On peut travailler avec le Fourgon, entreprise de livraison de boissons à domicile, illustre ainsi Laurent Drège. Et c’est aussi un argument pour collaborer avec l’enseigne Biocoop au national. »

En résumé, les consommateurs peuvent rapporter leurs bouteilles en magasin, avant qu’elles soient envoyées dans un site de lavage. S’il y en a désormais dans toutes les grandes régions de France, en Nouvelle-Aquitaine, le réseau choisi par la Brasserie Parallèle est l’association Bout à Bout.

Mais dans les faits, l’entreprise ne peut être sûre que ses bouteilles seront bien réemployées. « Dans certains magasins, le taux de retour atteint 25 %, précise Laurent Drège. Nous aurons des chiffres plus tard concernant nos produits, pour l’instant, c’est prématuré. » Et de préciser : « Nous pensons qu’il faut surtout un changement d’habitude. Nous faisons partie des premiers à sauter le pas, et on ne va pas se mentir, les gens s’y mettront vraiment quand les grandes sociétés iront aussi. »

Recruter puis construire

En attendant une révolution de la consigne, la Brasserie Parallèle poursuit son « road show » pour boucler sa première levée de fonds. Un tour de table de 600 000 euros en dilutif dont la moitié est sécurisée. La somme devrait permettre à la société d’accélérer, et de recruter sept personnes (deux salariés aujourd’hui en plus des deux dirigeants) d’ici à 24 mois, notamment sur la partie commerciale. « Je suis seul aujourd’hui à ce poste et j’arrive un peu au bout de ce que je peux faire », confie le dirigeant.

Le chiffre d’affaires devrait progresser de 60 % cette année. De quoi conforter les fondateurs dans leur objectif à plus long terme : construire leur propre unité de production autour de Bordeaux d’ici à 2028. Un site qui leur permettrait de fabriquer leur kéfir, ce qu’ils font depuis le début, et leurs bières, aujourd’hui sous-traitées. « Pour cela nous nous lancerons dans une levée de fonds beaucoup plus importante, pour créer un véritable pôle d’excellence du sans alcool », ambitionne Laurent Drège.

(1) Label d’entreprise qui œuvre dans le respect de valeurs sociales, sociétales et environnementales.