Presse Océan : le public connaît surtout Henri Salvador pour ses chansons légères et ses ballades romantiques. Pourtant, son premier amour musical est le jazz. Comment cette passion est-elle née ?
Jean-Philippe Vidal : « Il est vrai qu’on associe souvent Salvador à l’humour ou à la variété, mais au départ c’est un musicien de jazz. Il a grandi en Guyane et, dès son arrivée à Paris, il découvre cette musique venue d’Amérique. Il écoute Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie… Cette énergie, cette liberté, c’était un véritable choc pour lui ! ».
Il croise très tôt de grands noms du jazz… On cite souvent Django Reinhardt…
« Oui, Django, c’est un maître pour lui, et pas que pour lui ! Il a la chance de jouer à ses côtés dans les années 40. Django lui montre ce qu’est l’improvisation. Salvador écrit d’ailleurs : ’’Avec Django, rien n’était figé : chaque concert était unique. Cette école m’a marqué pour toujours, même quand plus tard j’ai choisi d’aller vers la chanson populaire’’. »
Pourtant, le public retient surtout les refrains humoristiques… Le jazz est-il resté en arrière-plan ?
« Jamais. Le jazz a accompagné Salvador durant toute sa carrière… Même quand il fait rire, le swing est là, présent. Présent dans son phrasé, dans les accords subtils de sa guitare, dans le rythme chaloupé de ses mélodies. En France, dans les années 1950, les artistes qui réussissaient à concilier jazz et grande popularité n’étaient pas si nombreux. Henri Salvador en fait partie.3
On dit qu’il a aussi contribué à faire découvrir la bossa nova…
« C’est une assez longue histoire… Mais oui, on peut affirmer que dans les années 60 Salvador a été un des premiers à chanter en français sur ce rythme brésilien et à en populariser les harmonies raffinées. A la fin de sa carrière d’ailleurs, avec Jardin d’hiver, il a retrouvé cette couleur, ce côté feutré. C’était comme refermer la boucle. »
Finalement, Salvador ne s’est jamais détaché du jazz…
« Exactement. Le jazz, pour Salvador, n’était pas seulement une musique géniale, c’était aussi une attitude : l’art d’inventer, de surprendre, de rester libre. Et on peut dire qu’il a mis cette liberté partout, dans ses chansons comiques signées Boris Vian comme dans ses ballades. Ne disait-il pas’’Le jazz, c’est le sourire de la musique, et moi, j’ai toujours voulu faire sourire les gens’’ ? »
Mercredi 10 septembre à 19h Salons Mauduit, 10 rue Arsène Leloup à Nantes. La soirée est présentée par Jean-Philippe Vidal. Les illustrations musicales sont confiées au chanteur Antoine Orain, à Veronika Rodriguez et au Côte Ouest Jazz Quartet.
Informations et réservations : 02 51 72 01 01 – http://academiedujazzdelouest.com Prochaine rencontre de l’AJO : Pannonica, la baronne du jazz le mercredi 15 octobre