Dans la Loire comme partout dans le pays, le mouvement « Bloquons tout », de ce mercredi 10 septembre, a commencé dès 6 heures devant la gare de Châteaucreux à Saint-Etienne. Jeunes, moins jeunes, à gauche, à droite, militants ou non, ils ont en commun un rejet total du président de la République, Emmanuel Macron. Mais quoi d’autre ? Au lendemain de la chute de François Bayrou, et de la nomination de Sébastien Lecornu comme son 7e Premier ministre – le 5e de ce second quinquennat – ils ont envie de faire entendre leur(s) voix…
©JT/ If Saint-Etienne.
Ils s’étaient donné rendez-vous tôt ce matin, dès 6 heures devant la gare de Châteaucreux, pour participer au mouvement « Bloquons tout » né il y a trois mois sur les réseaux sociaux. Dès mi-juillet, une vidéo appelait les Français à se confiner le mercredi 10 septembre, en signe de résistance pacifique à la politique menée par le gouvernement Bayrou.
D’abord relayé par des sphères liées à l’extrême droite, l’appel s’est ensuite télescopé avec un compte intitulé « Bloquons tout », sur X, puis « Indignons-nous », avec des revendications qui se sont élargies, amenant la gauche à s’inviter dans le mouvement qui, lui, se dit apolitique.
Ensemble surtout
C’est peut-être là que le bât blesse… Ainsi, à Saint-Etienne, après avoir bloqué la circulation du tram sur le parvis de la gare, les près de 200 personnes réunies ce matin ont organisé des agoras, pour partager leurs idées, leurs revendications, et décider, ensemble, de la suite à donner au mouvement. Néanmoins, après un constat de ras-le-bol, ce flou politique n’a pas tardé à s’inviter dans le débat. Faut-il s’associer à des sympathisants du RN dans cette lutte, ou non ? Tous n’étaient pas d’accord à ce sujet ce matin. Inimaginable pour certains, quand d’autres y voient l’occasion d’avoir davantage de poids…
Difficile alors de porter des revendications communes, ce que l’on le ressent rapidement au travers des différentes pancartes féministes, des drapeaux palestiniens, des slogans anticapitalistes, ou encore de l’appel à la démission… du maire de Saint-Etienne. Venez comme vous êtes, et avec vos revendications.
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De la même manière, certains se montrent hostiles envers les médias qu’ils qualifient de « mainstream » – nos confrères de France 3 Saint-Etienne ont été sommés de poser leur caméra à terre et de cesser de filmer l’une des agoras – quand d’autres donnent des interviews sans hostilité pour faire porter leurs revendications. Un rassemblement à l’image de la France, fracturé. Néanmoins, aucun casseur ne s’était invité à la fête, tant qu’elle était statique. Car peu après 10 heures, le rassemblement s’est mué en cortège.
Le mouvement se tend
Après quoi de premières dégradations, très loin d’être cautionnées par l’ensemble des participants au mouvement, étaient signalées en fin de matinée dans le centre ville de Saint-Etienne : incendies de détritus et de poubelles, des abribus et cassés et aussi une enseigne de la société d’assurance Axa ainsi que le Carrefour de la place Badouillière attaqués. Dans les deux cas, en rapport – vraisemblablement – non avec l’austérité mais avec leur maintien de liens économiques avec Israël, la colonisation en terres palestiniennes, sinon l’armement au sein de ce pays. En tout cas exposés ici par Ligue des Droits de l’Homme pour Carrefour, expliqués ici par nos confrères de Libération pour l’assureur.
©If Saint-Etienne / JT
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Du côté du campus Tréfilerie et de Centre 2 qui a fermé ses portes, d’autres regroupements avaient lieu avec originellement, un blocage de l’accès à l’université finalement. « Après médiation avec les chefs d’établissement et les forces de l’ordre, les étudiants le souhaitant ont pu accéder aux établissements et assister à l’ensemble des cours », indiquait la préfecture. Idem devant les lycées Étienne-Mimard, Claude-Fauriel et Honoré-d’Urfé. Depuis, toujours autour du campus, un jeu du « chat et de la souris » a suivi entre certains manifestants et les forces de l’ordre.
A Saint-Etienne encore un cortège intersyndical doit défiler cet après-midi dans Saint-Etienne, comme d’ailleurs à Roanne ce matin. De nombreuses stations de Véliverts ont été fermées par anticipation. Les commerçants ont été à nouveau invités à protéger leurs biens, comme hier.
Hors de Saint-Etienne, tôt ce matin, dans le Gier, une tentative de blocage de l’A47 au niveau de l’échangeur de Grand-Croix avait d’abord fonctionné via un incendie sur les voies. Mais circulation avait été rétablie peu avant 8 h. Côté transports encore, des voies ferroviaires entre Roanne et Lyon ont été aussi rapidement débloquées tôt ce matin, les deux sous-préfectures de la Loire ayant aussi vu des rassemblements dès 6 h. A Montbrison, un rassemblement a eu lieu devant la sous-préfecture. « Une tentative d’intrusion à la mairie a été déjouée. Un individu a été interpellé. A Roanne, un rassemblement se tient devant la sous-préfecture, sans incident », précisait la préfecture dans un point communiqué à la presse vers 12 h.
Le cortège stéphanois réunit des milliers de personnes
Dans le cadre des mobilisations, la préfète de la Loire a décidé l’activation du Centre Opérationnel Départemental (COD) afin de coordonner les opérations de sécurité et de secours. Les forces de l’ordre sont déployées sur le terrain, tout au long de la journée : 7 000 policiers et gendarmes sont mobilisés en Aura, a annoncé la préfecture de Région sans le préciser pour la Loire.
Le cortège stéphanois de l’intersyndicale est parti de la Bourse du travail vers 15 h comme prévu. A vue de nez, et en attendant les traditionnels comptages grand écart entre police et syndicat, il semble avoir véhiculé plusieurs milliers de personnes. Cours Victor-Hugo, un début d’incendie sur une des pentes enherbées du parking des Ursules a été allumé. Il a été rapidement éteint par des manifestants avec des extincteurs. Les manifestants sont ensuite passés par la place du Peuple puis avenue de la Libération jusqu’au square Violette avant de devoir s’orienter vers la place Hôtel-de-Ville.
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Selon nos confrères du Progrès, un motard de la police nationale a reçu un projectile au visage alors qu’il circulait place du Peuple. Il a été évacué par une ambulance des pompiers. Un suspect aurait été interpellé rapidement après.
Arrivé place Hôtel-de-Ville, des « Perdriau démission » ont été ajoutés aux « Macron démission ». Bayrou et déjà, son remplaçant Lecornu sont secoués dans les discours de l’intersyndicale… Ceux ci effectués, certains de ses représentants invitent la foule à se rendre à la gare de Châteaucreux pour une « AG » sur la suite du mouvement. Une gare dont l’entrée est protégée par un cordon policier. Certains entendent poursuivre les actions demain dès 8 heures place de l’Hôtel-de-Ville, et la fac devrait être occupée par des étudiants. Dans le même temps, la Ville de Saint-Etienne annonce vouloir porter plainte concernant les dégradations du bien public, « pour que les responsables soient les payeurs » précise-t-elle dans un communiqué.
©JT / if Saint-Etienne
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