Périphérique bloqué, portes de Paris occupées, transports perturbés… Comme prévu, le mouvement « Bloquons tout » de ce 10 septembre s’active ce mercredi. À une exception près, dans la matinée une entité semble étrangement absente du mouvement : l’université.
Pourtant les images de lycées parisiens bloqués fleurissent déjà sur les réseaux sociaux : Lavoisier (5e arrondissement), Montaigne (6e) Claude-Monet (13e) et Hélène-Boucher (20e). Certaines montrant même des heurts avec les forces de l’ordre, notamment devant le dernier. Mais les abords des universités, et malgré les sirènes de police qui animent les rues de la capitale ou les camions de CRS qui s’alignent sur les boulevards, restent calmes et clairsemés.
« Les premiers jours de cours sont très importants… »
Seuls des policiers en civil postés devant les entrées rappellent l’événement de la journée.
Assise en face de l’université de La Sorbonne, Lina, 20 ans, semble loin de toute l’agitation qui parsème la capitale. « Je fais ma pré-rentrée en master de Littérature comparée aujourd’hui. Donc j’avoue que je ne suis pas trop dans la mobilisation », sourit-elle, presque désolée.
Si elle suit l’actualité, elle avoue n’avoir pas encore pensé à participer aux mouvements : « Les premiers jours de cours sont très importants. Et si tout le monde va en cours, ils auront lieu et je risquerais de louper des informations importantes. »
« On suit le mouvement » mais…
Comme l’étudiante, la plupart de ceux qui sont à la fac ce mercredi sont davantage tournés sur la nouvelle année qui commence. Myriam, Lily et Raphaëlle, toutes les trois assises devant la bibliothèque Sainte-Geneviève confirme : « On vient d’entrer en première année de médecine. Donc on est à 100 % focalisées sur la rentrée et tout ce qu’on a déjà à enregistrer. »
Etudiants en master de mathématiques à Jussieu, Salomée et Romain, assis quelques mètres plus loin confirment : « On suit le mouvement, on n’y est pas insensibles parce qu’il est sensé et légitime. On a eu pas mal d’infos par les syndicats à la fac hier. Il y a eu une “AG” hier. Mais c’est une année très importante et compliquée pour nous donc pour le moment on se concentre uniquement dessus et sur les premiers cours. Du coup, on n’a pas assez d’éléments encore pour se forger une opinion suffisante pour savoir si on veut s’engager ou pas. »
Un engagement qui tenterait davantage Alexis qui entre en master de droit public approfondi à l’Université Panthéon Assas : « On en discute beaucoup. Nous avons même regardé le vote de confiance de lundi ensemble et en direct. » Mais le contexte n’est pas favorable pour lui, à double titre : « D’abord, les premiers cours sont très importants. Il y a des notions et des informations primordiales pour le reste de l’année qu’il ne vaut mieux pas manquer. Ensuite, Paris-2 est une fac très conservatrice. Qui participe peu ou rarement aux mouvements donc je ne veux pas me mettre en porte-à-faux en y allant seul. S’il y avait un gros mouvement de mes camarades, je participerais. Mais mes parents ont beaucoup investi, et moi aussi, pour pouvoir être là. Je ne veux pas prendre le risque de tout gâcher. Mais si le mouvement se poursuit… pourquoi pas. »
La mobilisation étudiante est bien là, pour le reste, ce n’est que partie remise
Difficile pour le moment de connaître l’évolution du mouvement, même si au regard de la nomination de Sébastien Lecornu ce mardi soir, les étudiants prédisent déjà d’autres mobilisations à venir.
Retrouvez ici la journée de mobilisation en direct
Alors peut-être seront-ils très nombreux à rejoindre ceux qui, malgré la rentrée sont déjà dans les rues. Parmi les plus engagés certains qui avaient déjà organisé un piquet au milieu de l’Université de Jussieu ont donné rendez-vous à tous les étudiants devant la Sorbonne à midi. Une centaine d’entre eux était présente pour entonner les slogans contre le président de la République, Emmanuel Macron et sa politique, globale et d’éducation. « Aujourd’hui, il n’y a pas de blocage de fac parce que la mobilisation ne fait que naître. Mais nous sommes déjà prêts à aller plus loin, ce n’est qu’une question de timing et d’organisation », explique Marvin en regardant des groupes d’étudiants affluer.