Si le budget est adopté par le Congrès, il pourrait entraîner la fermeture de l’un des deux observatoires d’ondes gravitationnelles à interféromètre laser. (Caltech/MIT/LIGO Lab)Le « cri » d’un trou noir permet enfin de prouver la théorie de Stephen Hawking : « S’il était encore en vie, cela lui aurait offert le Nobel »
En effet, deux des détecteurs (Ligo) utilisés pour cette nouvelle découverte se trouvent aux États-Unis. Or, le président Trump souhaite fermer l’un des deux, alerte Thomas Hertog. C’est ce qui se trouve dans la proposition de budget de la Maison-Blanche. « Mais avec un seul observatoire, on ne sait rien faire. Si on veut pouvoir éliminer toutes les sources terrestres de vibrations, il faut pouvoir corréler les données des deux observatoires. Si on ferme l’un des deux, c’est fini. C’est une catastrophe. On est sur le point de refermer cette fenêtre sur l’univers à cause d’une politique qui méprise la connaissance. Si Hawking était là, il aurait pu faire à ce sujet une déclaration très claire, profonde, puissante, humaine et pleine de perspective… Je pense que mes collègues à l’international, ne réalisent pas encore à quel point il va nous manquer cette semaine. »
Plan du Téléscope Einstein. ©DRTout le cosmos
Il y a cependant « un contrepoint » à cette situation, admet l’astrophysicien de la KULeuven : l’Europe est en train de développer un projet de détecteur d’ondes gravitationnelles. Celui-ci ne serait plus dédié à prouver leur existence (comme ceux jusqu’ici) mais serait utilisé pour étudier les ondes gravitationnelles venues de tout le cosmos, afin d’étudier les 90 % de l’Univers qui n’implique pas de lumière : l’environnement des trous noirs, la matière noire, ou encore les 300 000 premières années de l’Univers, lorsqu’il n’était pas encore transparent. « Chaque fois que l’humanité a commencé à regarder, à explorer, l’univers d’une nouvelle manière, on a été surpris », souligne Thomas Hertog.
Avec le télescope Einstein, « nous voulons bâtir l’équivalent d’un tunnel sous la Manche sous le sol belge »Projet belge
Ce télescope Einstein, souterrain, pourrait en outre être construit chez nous, à cheval sur la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne (Limbourg néerlandais et flamand, province de Liège, Rhénanie-Westphalie). Les gouvernements fédéral, wallon et flamand soutiennent ce projet. Le Premier ministre Bart De Wever a récemment plaidé sa cause en Allemagne et la Wallonie vient encore de prévoir un investissement de 200 millions d’euros.
Télescope Einstein: Si son projet est retenu, la Wallonie y investira 200 millions
« Pour notre région, pour notre pays, c’est une vraie opportunité, estime Thomas Hertog. C’est une occasion rare de pouvoir renforcer la culture scientifique d’une manière très puissante. On peut booster l’écosystème autour de cette recherche au niveau de la valorisation, mais aussi de l’éducation, de la culture, de la place que la science, la connaissance et le débat scientifique prennent dans notre société. » Les candidatures (la Saxe et la Sicile préparent aussi un dossier) devront officiellement être déposées en 2026, pour une sélection la même année.
Deux projets éoliens d’Engie sont dans et proche de la zone d’exploration pour l’installation du télescope Einstein.