Après la création en 2021 d’un lycée franco-allemand dans les murs du collège Vauban à Strasbourg , une première promotion d’élèves de seconde a fait sa rentrée rue Pestalozzi dans des bâtiments modulaires qui abritaient autrefois les élèves de l’École européenne.
Ces 42 lycéens, qui ont suivi dans leur immense majorité un parcours bilingue en primaire avant d’intégrer le LFA au niveau collège, ont découvert lors de la rentrée de septembre, leurs nouveaux murs et leurs nouveaux professeurs avec un peu d’appréhension. « Nous sommes dans un train qui est lancé sans savoir où il va », s’inquiète une lycéenne de 15 ans, une des 12 filles de cette première promo majoritairement masculine.
Quatre élèves sur dix ont un parent allemand
Ces élèves alsaciens de seconde essuient effectivement les plâtres de ce cursus LFA. D’ailleurs de nombreux collégiens de troisième ont préféré changer de voie, en s’orientant vers le traditionnel Abibac, « par peur du crash test », rapporte une élève. Mais le convoi est solide : « Il n’y a pas d’élèves en difficulté. » La voie du succès au bac est toute tracée. Les élèves – 40 % des lycéens de LFA ont un parent allemand – ont été recrutés sur dossier et tests : « Nous avons chaque année 120 candidatures pour 60 places en sixième », indique la proviseure du LFA, Rachelle Marx.
Une équipe pédagogique binationale
Mais surtout, le lycée franco-allemand de Strasbourg ne part pas de rien. Créé 46 ans après l’ouverture de celui de Buc dans les Yvelines, il est le cinquième établissement de ce type avec les trois LFA allemands ouverts en 1961 à Sarrebruck, en 1972 à Fribourg-en-Brisgau et en 2021 à Hambourg. L’équipe pédagogique binationale de Strasbourg compte quatre professeurs allemands, des enseignants rémunérés par l’Allemagne qui leur verse également une prime d’expatriation.
Parmi eux, un professeur enseigne l’allemand, la chimie et l’espagnol : une des spécificités allemandes que l’on retrouve dans les LFA qui ont leurs propres parcours éducatifs et systèmes d’évaluation. Une matière est enseignée dans une langue puis dans l’autre l’année suivante pour favoriser un bilinguisme complet. Au moment du bac, « les lycéens passent les matières dans la langue utilisée en terminale », explique la proviseure.
« Nous formons une famille »
Propriété de la région Grand Est, cet établissement de la rue Pestalozzi a une capacité d’accueil de 70 élèves en seconde et de 375 personnes au total. Le président de région Franck Leroy et le recteur de l’académie de Strasbourg, Olivier Klein, sont persuadés que ce LFA, qui symbolise la force du partenariat franco-allemand, attirera des élèves venus de toute l’Alsace, des départements limitrophes et d’Allemagne. « C’est un établissement stratégique. » D’ores et déjà, les élèves de seconde qui grandissent dans ce milieu biculturel dégagent une force collective, une grande solidarité. « Cela fait quatre ans que nous nous connaissons, nous formons une famille. »