Posted On 11 septembre 2025

«Il n’y aura pas d’alliance avec La France insoumise. Législatives anticipées, présidentielle, tout ce que vous voulez … c’est définitif ». Voilà ce que clamait l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, président du parti « Place Publique, la semaine dernière dans le quotidien Libération.

PAS DE LFI : GLUCKSMANN EST TRÈS CLAIR

L’annonce n’est pas vraiment une surprise puisque depuis des mois, Place Publique tance La France Insoumise et tâche de prendre au maximum ses distances avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Mais cette déclaration a le mérite d’être tout à fait clair. Et si ça ne suffisait pas, Glucksmann en a remis une couche lundi suite à la chute du gouvernement de François Bayrou, en appelant de ses vœux un accord « sans le RN ni LFI ». 

PLACE PUBLIQUE SE FOND DANS « GRENOBLE CAPITALE CITOYENNE »

Localement, à Grenoble, c’est un tout autre discours, comme nous allons le voir. Place Publique a décidé de soutenir la liste « Grenoble Capitale Citoyenne » (GCC). Une initiative qui se revendique de gauche modérée type sociale-démocrate, à l’origine portée par Romain Gentil (conseiller municipal qui siège dans le groupe socialiste) et Pascal Clouaire (ex élu de la majorité Piolle exclu en 2023). Avant d’être rejoints avant l’été par Equinoxe, un micro-parti écologiste né récemment.

Le lancement du collectif « Grenoble capitale citoyenne » à l’époque porté par Pascal Clouaire et Romain Gentil, dans lequel on retrouve les militants issus du PS et de ses petits satellites de gauche locaux.
LE DIVORCE CLOUAIRE / GENTIL

Mais GCC est désormais touchée par la série des divorces qui semble la spécialité des gauches grenobloises en cette année pré électorale. Pascal Clouaire, l’une des deux têtes d’affiche, a jeté l’éponge fin août. En bisbille avec Romain Gentil, il a claqué la porte en accusant ce dernier d’avoir la double casquette Place Publique / GCC, et de faire « une OPA sur un mouvement citoyen ». Gentil a alors été désigné par un vote des militants chef de file. Éclatante victoire : il était seul en lice.

ROMAIN GENTIL FAIT DE LA MISE EN SCÈNE…

Ces derniers jours, Grenoble Capitale Citoyenne a réagi en montant une opération médiatique pour faire oublier ce divorce des deux têtes d’affiche. Romain Gentil a ainsi mis en scène l’officialisation du soutien de Place Publique, et le soutien du Parti Radical de Gauche (micro-parti qui ne survit depuis des années qu’en se ralliant à d’autres car incapable d’exister seul électoralement). Le PRG étant représenté à Grenoble par Sarah Boukaala et Mounira Dabaji, toutes deux sur la liste d’Olivier Noblecourt (PS) en 2020, qu’on retrouve dans l’opération.

… MAIS RESTE DANS UN ENTRE-SOI

Romain Gentil tente bien de montrer les muscles, en revendiquant incarner « une alternative écologique, sociale et démocratique à la majorité sortante ». Mais il ne compte finalement autour de lui qu’une poignée de militants et les ralliements mis en scène restent des individualités qui ne sortent pas de l’entre-soi social-démocrate. Tout ça pour se disputer un créneau centre-gauche qui représentait 11% aux dernières municipales… sur lequel il est aujourd’hui en concurrence avec le PS, qui a désigné Amandine Germain cheffe de file.

Amandine Germain a été désignée cheffe de file du PS à Grenoble par un vote d’environ 50 adhérents (!) qui l’a vu l’emporter de quelques voix face à Maxime Gonzales… et ce dernier est également membre de Grenoble Capitale Citoyenne (il figure sur la photo de lancement, voir supra). Un petit monde !
ALLIANCES : GCC BOTTE EN TOUCHE…

Mais surtout, le positionnement de GCC qui consiste à se revendiquer d’une gauche hors Verts/LFI sortants est mis à mal par les déclarations des uns et des autres devant la presse à l’occasion de l’officialisation de Place Publique et du PRG. À la question des alliances de second tour, Place Gre’net relève les propos de l’une des représentantes, Manon Laurent, qui botte en touche : « Nous préférons décider collectivement en fonction des résultats du premier tour plutôt que de prendre des positions théoriques intenables ».

… ET OUVRE LA PORTE À LA FRANCE INSOUMISE

Eve Moulinier du Dauphiné Libéré cite elle des propos encore plus limpides, à propos de la question d’une alliance avec LFI : « nous, on refuse aujourd’hui, alors que les élections municipales auront lieu en mars 2026, de spéculer sur d’éventuelles alliances du second tour. Les “jamais” en politique, c’est toujours risqué ». Et de se planquer derrière l’idée de faire voter leurs militants au second tour pour ne pas prendre position maintenant.

GRENOBLE CAPITALE CITOYENNE SE RÉSERVE L’OPTION DE SE VENDRE

En claquant la porte quelques jours auparavant, Pascal Clouaire avait alerté sur le positionnement de Romain Gentil et de ses soutiens, en expliquant que sur la question de LFI, « on n’a pas eu de réponse claire. C’était même carrément flou ! ». Il avait vu juste : en refusant de dire non à l’alliance avec LFI, Romain Gentil et Grenoble Capitale Citoyenne s’auto sabordent et confirment qu’on ne peut pas compter sur eux pour incarner une alternance à Grenoble. Ils pourront juger bon de se vendre aux Verts/LFI si cela leur garantit quelques places, loin de leurs grands principes affichés. 

En juin dernier, Romain Gentil aux côtés de Raphaël Glucksmann. Ce dernier déclarait alors à propos de Grenoble Capitale Citoyenne : « c’est exactement comme ça qu’il faut faire de la politique ». Qu’en serait-il aujourd’hui alors que GCC s’ouvre à LFI ? Photo : LinkedIn.
PLACE PUBLIQUE GRENOBLE SE MET EN RUPTURE AVEC LA LIGNE NATIONALE

Quelques jours après les propos très clairs de son patron évoqués en plus haut, on voit mal comment Place Publique peut s’accommoder d’un tel flou. Autant le PRG est condamné à se vendre au plus offrant quitte à renier ses principes, mais pour le parti de Raphaël Glucksmann, c’est une autre affaire. Celui-ci s’est bâti un créneau électoral solide, qui lui permet d’envisager la présidentielle, grâce à un positionnement de rupture très nette avec LFI. En laissant ses représentants à Grenoble ouvrir la porte à LFI, Place Publique prend le risque de se fragiliser en brouillant son message. 

GENTIL PRÊT À SE COUCHER DEVANT LFI FACE AU « RISQUE DE VICTOIRE DE CARIGNON »

Romain Gentil a d’ailleurs défendu l’hypothèse d’une alliance au deuxième tour auprès de Place Gre’net en expliquant que « le risque d’une victoire d’Alain Carignon « n’est pas une option » et pourrait, dès lors, décider de la marche à suivre ».

Cette rentrée a le mérite de clarifier les positions des uns et des autres. En ce qui concerne Grenoble Capitale Citoyenne et son chef de file Romain Gentil, c’est désormais parfaitement clair : ils préfèrent reconduire les Verts/LFI pour 6 ans supplémentaires plutôt que d’accompagner le changement dont notre ville a besoin avec Alain Carignon et son collectif qui regroupe des personnalités de toutes sensibilités, y compris de gauche. 

Les Grenoblois qui aspirent sincèrement à une nouvelle direction pour leur ville savent désormais à quoi s’en tenir avec « Grenoble Capitale Citoyenne ».