Alors que le crash de la caravelle Ajaccio-Nice fête ce jeudi son 57e anniversaire, les familles des victimes ne renoncent toujours pas à connaître un jour la vérité sur l’accident qui a coûté la vie à 95 personnes. De nouvelles recherches sur l’épave de l’avion, au large d’Antibes, vont être menées entre la fin de cette année et mi-2026.

L’actu des régions

Chaque jour, un tour d’horizon des principales infos de toutes les régions.

France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter « L’actu des régions ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

« Une avancée historique dans le combat mené par les familles des victimes depuis 57 ans ». C’est ainsi qu’est qualifiée la décision de mener de nouvelles recherches en mer pour tenter de localiser les débris de la Caravelle Ajaccio-Nice.

Une annonce faite dans un communiqué des avocats des familles de victimes du crash aérien qui a eu lieu au large d’Antibes le 11 septembre 1968 et fait 95 victimes, qui fête son triste anniversaire ce jeudi.

Une première campagne est prévue fin 2025, sur une zone ciblée de 8 km, pour tenter de localiser l’épave et le cas échéant, prendre des photographies sous-marines.

En cas d’échec de ces opérations ou d’impossibilité de retrouver les débris, une seconde série de recherches sera réalisée à la mi-2026, sur une zone plus large et à l’aide d’importants moyens techniques.

Ces recherches ont été autorisées en octobre 2024 par le Procureur de la République de Nice, puis par le juge d’instruction en février 2025. Le tout, suite à une longue bataille judiciaire des familles de victimes.

Les avocats et les familles espèrent que l'épave soit repêchée au large d'Antibes avant un rendez-vous à l'Elysée en octobre 2024.

Les avocats et les familles espèrent que l’épave soit repêchée au large d’Antibes avant un rendez-vous à l’Elysée en octobre 2024.

© FTV

Ce ne sont pas les premières recherches qui sont menées dans le cadre de cette affaire, toujours irrésolue depuis plus d’un demi-siècle. Au total, quatre campagnes de chalutage ont eu lieu afin de remonter les restes de la caravelle : la première a débuté le 15 novembre 1968 et la dernière s’est terminée le 13 avril 1971. Trois campagnes ont aussi eu lieu pour prendre des photos de l’épave de la caravelle entre 1969 et 1970.

À l’époque, plusieurs tonnes de débris ainsi que la boîte noire de l’engin ont été remontées à la surface. Mais aujourd’hui, personne n’est capable de dire où se trouvent ces éléments. L’épave, quant à elle, se trouve toujours au large d’Antibes, à environ 2.300 km de profondeur.

Selon Max Clanet, journaliste d’investigation et auteur d’un livre sur le sujet, d’autres débris ont été secrètement repêchés et remis à la Marine de Toulon, en 1971, lors de la dernière opération de recherche.

  • Reportage en 2011 sur ces fouilles et cette affaire :

Les frères Paoli, présidents de l’Association des familles de victimes du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice, se battent depuis 57 ans pour comprendre la mort de leurs parents et des 93 autres victimes. Depuis de nombreuses années, ils demandent la reprise des fouilles. Pour eux, ces nouvelles recherchent redonnent un espoir d’enfin connaître la vérité.

Les circonstances de cet accident n’ont en effet toujours pas été éclaircies. Les familles de victimes privilégient toutefois la thèse d’un missile qui aurait percuté accidentellement l’engin, à l’occasion d’exercices militaires.

L’Armée française aurait alors, selon eux, tout fait pour tenir à garder secret cet incident.

À l’époque, l’enquête qui a duré quatre ans, avait balayé la thèse d’un missile : fin 1972, un rapport a conclu à un incendie d’origine inconnu dans la cabine. En 1973, la justice avait prononcé un non-lieu dans le cadre d’une instruction pour homicide involontaire.

Cette décision n’a pas suffi pour convaincre les familles, qui ont toujours cru à la thèse du missile. Une hypothèse renforcée au fil des années par « une centaine de témoignages » et une opacité concernant certains éléments de preuves. Mathieu Paoli demande donc au gouvernement de prendre ses responsabilités après tant d’années : « On veut que l’État reconnaisse le tir de missile qui a eu lieu ce jour-là », dit-il à France 3 Côte d’Azur.

On veut une photo de la carlingue de l’avion, avec le réacteur, pour voir s’il a été effectivement été touché par un missile.

Mathieu Paoli, président de l’Association des familles de victimes du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice

à France 3 Côte d’Azur

Une revendication partagée par Sauveur Filippeddu, qui a perdu ses parents et sa sœur dans l’accident. Ce mardi 9 septembre, il était présent lors du rassemblement annuel à Nice en hommage aux victimes, comme de nombreuses personnes chaque année. »Nous voulons la vérité, reconnue par l’état, que c’est bien un missile qui a frappé cet avion. Tout le monde le sait, on a des témoignages, et on a toujours espoir après 57 ans de connaître la vérité », affirme-t-il.

Des soupçons sérieux existent en effet sur de potentielles dissimulations de preuves dans le cadre de cette affaire. Et c’est pour cette raison que le procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, avait accepté de rouvrir l’enquête en 2012.

Cela concernerait notamment une bande sonore saisie en 1968 dans les locaux de France 3 Côte d’Azur, ou encore un rapport confidentiel d’un secrétaire de l’armée, qui aurait été rédigé à l’époque mais qui n’a jamais figuré dans les pièces du dossier.

Suite à une enquête menée par la gendarmerie de Nice en 2018, le juge d’instruction a demandé officiellement au Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, de lever le secret-défense sur les tirs de missiles menés à cette époque dans le sud-est de la France.

La levée totale n’a pas eu lieu, mais certains documents ont été déclassifiés.