Gwen Duval s’est associé avec son père Thierry il y a deux ans dans le GAEC Ejenruz (bœuf rouge en breton) à Guilliers (Morbihan). Une belle structure de 170 hectares de terres  où l’on réalise 120 vêlages en Limousine par an avec un atelier de volaille chair en plus , dit Gwen, 23 ans.

Gwen Duval fait partie de ces rares jeunes à avoir choisi la production bovine (5 % des installations aidées en Bretagne 2024, soit une vingtaine), une filière considérée depuis des années comme le parent pauvre de l’élevage où les revenus sont les plus bas de toutes les filières. Mais l’économie de la viande bovine s’est retournée. Les prix atteignent des sommets parce que l’offre baisse plus vite que la demande.

Une production qui décroît

En Bretagne, la production ne cesse de décroître depuis trente ans et atteint désormais  82 000 têtes contre 132 000 il y a dix ans, constate Thierry Duval, également vice-président de l’interprofession (Interbev Bretagne). La filière perd en moyenne 1 à 1,5 % de ses effectifs par an depuis 2016, 3 % par an avant .

Il reste en Bretagne 5 255 élevages allaitants dont 70 % sont de petits ateliers de moins de 20 vaches, selon l’Observatoire de la filière bovine en Bretagne (édition 2024). Les quelque 1 500 éleveurs spécialisés, situés majoritairement dans le Centre-Bretagne, exploitent en moyenne 47 vaches. Un nombre plus faible que la moyenne nationale (63) qui s’explique par le poids important de l’élevage en bovin lait de la Bretagne.

Il n’empêche : l’allaitant a besoin de soutien, de leviers nouveaux pour stimuler le renouvellement et l’agrandissement. Car l’installation en bovin allaitant paraît plus compliquée que d’autres filières. Les capitaux à immobiliser sont importants au départ (une femelle prête à vêler coûte actuellement près de 4 000 €), et la rentabilité  ne se fait que sur le long terme , précise Gwen.

Ainsi, pour financer son installation en janvier 2023, pas moins de six mois lui ont été nécessaires  pour convaincre une banque . Et ce malgré la taille de la ferme (près de 95 mères de race Limousine) et la contractualisation de 90 % de la production (avec Bigard à un prix fixé à l’avance).

Un plan de reconquête attendu

Le jeune éleveur disposait pourtant d’aides diverses : dotation jeune agriculteur, des avances remboursables à taux zéro (prêt Britt, aide Interbev) et une subvention à l’installation de Ploërmel Communauté (4 000 €). Pour relancer la production, c’est donc d’une impulsion politique dont la filière a besoin. D’un plan de reconquête, à l’image de ce que d’autres régions françaises ont mis en place ces dernières années. Comme la Normandie et les Pays de la Loire l’an passé.

Des annonces de la Région Bretagne doivent être faites au Space, le salon international de l’élevage de Rennes, la semaine prochaine. Sous quelle forme ? Une aide à l’achat de vaches prêtes à vêler ? Tout est sur la table pour faire de l’élevage allaitant de demain un secteur de nouveau attractif.