Un appel au bon sens. Face aux conséquences sociales et économiques d’une transition énergétique à marche forcée, l’Europe pourrait revoir ses ambitions. Car le « bain de sang » se profile sur le Vieux Continent, au regard de la trajectoire fixée par Bruxelles.
En première ligne, les équipementiers subissent de plein fouet déjà l’électrification du parc roulant. L’effet papillon menace à présent les constructeurs et, par voie de conséquence, les distributeurs. La hausse des prix associée à cette transition énergétique, ajoutée aux nouvelles réglementations GSR2, ont détourné les acheteurs du marché du véhicule neuf.
Résultat : les ventes actuelles retrouvent leur niveau des années 60. Elles ne devraient pas dépasser les 1,5 million d’unités dans l’Hexagone en 2025.
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Sauver le business et relancer le marché
Dans ce contexte, les constructeurs montent au créneau. Le salon IAA Mobility qui se tient cette semaine à Munich, symbolise cette mobilisation. Ainsi, Jean-Philippe Imparato, directeur de Stellantis Europe, a fait part de ses propositions en matière de kei cars japonais, de VUL, d’aides à l’achat et de batterie, visant à la fois à sauver le business et à relancer le marché européen. Celles-ci seront soumises à la Commission européenne.
« Nous sommes tous d’accord, pour atteindre la neutralité carbone dans les années à venir », souligne le responsable. Mais « les seuils ou objectifs fixés pour 2030-2035, nous paraissent inaccessibles dans l’état actuel. »
Face à des enjeux commerciaux et financiers historiques, les constructeurs jouent désormais la carte du collectif, regroupés au complet au sein de l’ACEA (association européenne des constructeurs d’automobiles).
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L’heure des premiers compromis
L’Europe avait donné un premier signe d’ouverture cet hiver, en lissant le calcul des émissions de CO2 associées aux indicateurs CAFE sur les trois prochaines années. Toutefois, cette solution courtermiste est loin de faire l’unanimité du côté des firmes. Les modèles non vendus cette année, devant l’être l’année prochaine…
Néanmoins, l’heure des premiers compromis semble se dessiner entre la Commission européenne et les constructeurs. Ils pourraient conduire à ajuster les obligations entourant les véhicules utilitaires. Directement menacée par l’électrification, la production de ces modèles pourrait perdre 350 000 unités sur l’année en Europe, prévoit Jean-Philippe Imparato, avec un risque avéré de fermeture d’usine.
L’Europe encourage les minicitadines
En parallèle, Bruxelles paraît prêt à faire des concessions pour favoriser la production de modèles électriques abordables. Rappelons qu’en 2019, il existait 49 modèles à moins de 15 000 euros. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un seul. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a donc commandé aux constructeurs « une petite voiture 100 % électrique, européenne et pas chère. »
Depuis plusieurs mois, Stellantis et Renault Group militent en faveur du retour sur le marché des véhicules du segment A, ou de modèles encore plus compacts. À condition de bénéficier d’une réglementation spécifique, et d’un accompagnement de l’Europe.
L’échéance de 2035 en suspens
Mais la vraie question concerne l’échéance de 2035, actant l’interdiction à la vente des moteurs thermiques. Les négociations attendues, pourraient offrir un répit aux motorisations hybrides plug-in, et aux carburants de synthèse. Les constructeurs plaidant plus globalement, en faveur de la neutralité technologique.