L’histoire tragique de James Beasley illustre l’importance cruciale d’un diagnostic précoce du cancer de l’intestin. Ce grand-père de 68 ans, originaire de Rotherham dans le Yorkshire, s’est rendu chez son médecin généraliste en mars 2020 en se plaignant de saignements rectaux. Malgré ce symptôme alarmant, aucun examen approfondi n’a été réalisé et les praticiens ont conclu à de simples hémorroïdes. Neuf mois plus tard, en décembre 2020, James consulte à nouveau pour des douleurs abdominales, de la constipation et des saignements persistants. Cette fois, des analyses sanguines sont effectuées et révèlent une anémie – un taux de fer anormalement bas qui constitue pourtant un signe potentiel de cancer colorectal selon le service de santé britannique NHS. Malheureusement, ces résultats inquiétants ne sont pas signalés et aucun suivi n’est programmé. Ce n’est qu’en août 2021, soit plus d’un an après ses premiers symptômes, que James est finalement hospitalisé et diagnostiqué avec un cancer de l’intestin en phase terminale. Il décède en février 2023, treize mois après avoir reçu un pronostic de douze mois de survie, rapporte le Mirror.
Des symptômes souvent négligés
Cette tragédie souligne combien les symptômes du cancer de l’intestin peuvent être méconnus ou confondus avec d’autres pathologies bénignes. En France, le cancer colorectal touche plus de 43 000 nouveaux cas par an, ce qui en fait l’un des cancers les plus fréquents avec environ 17 000 décès annuels, selon les données de Santé publique France. Les principaux signes à surveiller incluent les douleurs abdominales liées à des contractions de l’intestin, les troubles du transit comme une constipation brutale ou une diarrhée prolongée et surtout la présence de sang dans les selles – un symptôme souvent négligé ou attribué à tort aux hémorroïdes. L’anémie, la fatigue inexpliquée, l’amaigrissement ou une fièvre légère persistante doivent également alerter, indiquent les spécialistes de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Pour les cancers du rectum spécifiquement, des saignements rectaux et une envie fréquente d’aller à la selle constituent des signaux d’alarme supplémentaires. Dans les cas avancés, une sensation de masse abdominale peut être perceptible à la palpation. Le problème majeur réside dans le fait que ces symptômes surviennent souvent tardivement, quand la maladie est déjà évoluée, ce qui rend le traitement plus complexe.
Un dépistage organisé pour sauver des vies
Face à ces enjeux, la France a mis en place un programme de dépistage systématique qui pourrait éviter des drames comme celui de James Beasley. Ce dépistage organisé est proposé gratuitement tous les deux ans aux personnes âgées de 50 à 74 ans, via un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles, suivi d’une coloscopie en cas de résultat positif. L’objectif est de diminuer la mortalité spécifique par détection précoce des lésions. En 2023, on dénombrait 21 370 nouveaux cas chez les femmes et 26 212 chez les hommes, faisant du cancer colorectal le deuxième cancer le plus fréquent chez la femme et le troisième chez l’homme selon la Ligue contre le cancer. Environ 95 % des cas touchent les personnes de plus de 50 ans mais les formes précoces chez les adultes plus jeunes sont en augmentation inquiétante. La prise en charge repose sur des équipes pluridisciplinaires dans des centres spécialisés comme Gustave Roussy, le Centre Léon Bérard ou l’Institut Hartmann, qui proposent un parcours de soins complet qui incluent chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie et thérapies ciblées, selon le stade du cancer. La famille de James Beasley, qui a obtenu un règlement judiciaire hors tribunal, espère aujourd’hui que le partage de cette histoire tragique permettra de sensibiliser le public aux symptômes du cancer de l’intestin et d’éviter d’autres diagnostics tardifs.