La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, photographiée le 8 septembre 2020 

ARIS OIKONOMOU / AFP

La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, photographiée le 8 septembre 2020 

POLITIQUE – Chacune son tour. Après l’extrême droite, la gauche radicale a annoncé ce jeudi 11 septembre au Parlement européen le dépôt d’une motion de censure contre la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. La cheffe du groupe, Manon Aubry, a indiqué avoir recueilli le nombre de signatures nécessaires (72) pour déposer cette motion, qui pourrait être débattue dans quelques semaines à Strasbourg.

Pour justifier cette tentative de censure, Manon Aubry accuse l’Union européenne de « complicité » dans le « génocide » à Gaza, en lui reprochant de « fermer les yeux » sur la situation au Proche-Orient. Ursula von der Leyen a haussé le ton contre le gouvernement israélien mercredi en proposant des sanctions contre des ministres « extrémistes » et « une suspension partielle de l’accord d’association » UE – Israël, sur le volet commercial.

Mais Manon Aubry n’y voit que des « demi-mesures » trop tardives, lesquelles seront par ailleurs difficiles à faire adopter par des Etats membres profondément divisés sur le sujet. La gauche radicale fustige également l’accord commercial scellé fin juillet avec Donald Trump, une « vassalisation » vis-à-vis des États-Unis, estime Manon Aubry.

L’eurodéputée française dénonce enfin l’accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur et ses « conséquences terribles » pour l’environnement.

Une censure qui a peu de chances d’aboutir

Cette tentative de censure comme celle de l’extrême droite, deux initiatives distinctes, sont toutefois vouées à l’échec, car droite, centristes et sociaux-démocrates n’ont pas l’intention de renverser Ursula von der Leyen. Et le groupe de Manon Aubry ne compte pas voter la motion de censure déposée par les Patriotes de Jordan Bardella, accusés « d’obsessions rances » et « racistes ».

Début juillet, le Parlement européen avait largement repoussé une motion de censure d’extrême droite visant la présidente de la Commission européenne. Issue de la droite (PPE), Ursula von der Leyen n’avait toutefois pas échappé aux critiques de ses alliés centristes et sociaux-démocrates quant à sa méthode.

Ils lui reprochaient sa gestion trop verticale et accusent le PPE de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux remettre en cause des lois environnementales. L’eurodéputée Renews Valérie Hayer avait étrillé l’attitude de la présidente dans une prise de parole inédite de par son ton courroucé, comme Le HuffPost l’expliquait ici.

Les débats sur les motions de censure permettront de mesurer l’effritement de cette majorité dite « pro-européenne » qu’Ursula von der Leyen s’est efforcée de rassurer mercredi lors d’un discours consacré à ses priorités politiques dans les douze mois qui viennent.