Certains se souviennent peut-être de l’emblématique girafe qui a longtemps accueilli le visiteur en passant les imposantes portes du Musée zoologique, dans le quartier des universités de la Neustadt.
Le hall d’entrée au premier coup d’œil a peu changé avec ses hautes peintures murales d’origine évoquant la jungle et les fonds marins, attribuées à Georg Hacker et Anton Seder – un appel à dons a été lancé par la Fondation de l’Université pour financer leur restauration.
Un spectaculaire « hall de la biodiversité »
Mais il suffit de lever les yeux pour entrer dans le vif du sujet avec un imposant squelette de baleine en lévitation. Juste au-dessus, Guillaume Aubry, du cabinet d’architectes parisien Freaks, a fait sauter les plafonds. Une structure en acier de 18 mètres de hauteur accueille un spectaculaire musée dans le musée autour duquel on peut tourner, d’étage en étage, en suivant le monumental escalier.
Le « hall de la biodiversité », c’est son nom, offre un condensé de toutes les collections que l’on peut trouver. Le cabinet Ducks signe la scénographie, voulu épurée. Des artistes ont été conviés ici et là, des dessins d’un Tomi Ungerer aux illustrations naturalistes d’une Valentine Plessy.
Près de 1 800 espèces montrées sur 1 200 000 spécimens
Loin de l’accumulation à laquelle avait habitué le musée dans sa précédente version, les nouveaux parcours n’hésitent pas à proposer des alcôves pour animal seul.
Dans ces salles dites « totem », les papiers peints inspirés des classiques dioramas sont faits à la main par le studio FormaBoom. On se trouve face à une jeune femelle éléphant d’Asie – l’un des rares grands mammifères à avoir échappé aux bombardements de 1944, avec un impressionnant crocodile de 4,5 mètres de long ou encore avec un gorille massif – mais pour autant vulnérable.
Le musée compte 1 200 000 spécimens, principalement des insectes mais aussi 10 000 mammifères, 18 000 oiseaux, 5 000 reptiles ou encore 200 000 mollusques. L’ensemble a été restauré pendant le chantier. Un travail colossal, confirme Samuel Cordier, conservateur du musée. Seuls 1 800 sont montrés au public, parmi lesquels une riche série d’oiseaux.
Un bâtiment de la fin du XIX e siècle
La rénovation a aussi permis de rendre accessible le bâtiment édifié entre 1890 et 1893 et offre des espaces de médiation plus adaptés, notamment pour les nombreux scolaires qui viennent bien au-delà de Strasbourg. L’ambition est de parler au plus large public, les cartels sont rédigés en trois langues, français, allemand et anglais.
Le musée fait aussi mémoire de son histoire. Ses riches collections remontent pour partie au XVIII e siècle et doivent à Jean Hermann, médecin et naturaliste (1738-1800). On ne retrouvera pas son cabinet de travail tel qu’il était montré jusque-là mais une réinterprétation. Où l’on comprend comment les scientifiques, à chaque époque, se sont appropriés l’histoire naturelle.
Signalons l’exposition pour la première fois dans leur totalité des modèles « Blaschka », une collection unique de modèles en verre d’organismes marins destinés aux étudiants, d’une finesse incroyable.
Ecosystèmes du Rhin et animaux des villes
Les problématiques environnementales sont au cœur du Musée zoologique. Ainsi, à la découverte des écosystèmes du Rhin supérieur, suit-on les berges du fleuve, à toute heure du jour et de la nuit. Les animaux de la ville font, eux, l’objet d’une première exposition temporaire, « BiodiverCité », dédiée aux espèces que l’on peut rencontrer dans les rues, chat, chien, pigeons, mais aussi liminaires.
Un projet porté par l’Université et la Ville
La rénovation aura duré six ans et coûté un peu plus de 18 millions d’euros. Le chantier a été porté par la municipalité de Strasbourg, puisque le musée fait partie de son réseau de onze musées, ainsi que par l’Université de Strasbourg, dans le cadre de l’Opération campus. Il s’inscrit aussi dans le réseau du « Jardin des sciences », avec le planétarium voisin, inauguré en 2023, le jardin botanique, les musées de sismologie, minéralogie, et les collections de paléontologie. Le quartier est un but de visite en soi.
Du 19 au 21 septembre, entrée libre pour le week-end festif de réouverture du musée zoologique (boulevard de la Victoire) à Strasbourg. Programme du Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg pour les Journées du patrimoine : jardin-sciences.unistra.fr
Unique en Alsace
Les collections du Musée zoologique de Strasbourg sont parmi les plus importantes d’Europe, elles doivent à l’intérêt de la Ville et de l’Université de Strasbourg pour les sciences naturelles depuis le XVIIIe siècle.
À Colmar se trouve le Musée d’histoire naturelle et d’ethnographie fondé en 1859 par une société savante. Ses collections totalisent près de 135 000 spécimens et l’établissement compte notamment un pôle de recherche en malacologie, soit l’étude des mollusques. On peut signaler les musées d’histoire naturelle de Karlsruhe, de Stuttgart et de Fribourg-en-Brisgau, un peu moins grands.