Il y a une piscine pour 30.000 habitants environ dans la métropole de Rouen. C’est deux fois moins que la moyenne nationale. Un chiffre qui cache des disparités, mais qui illustre aussi la peur de l’eau présente chez les plus jeunes.

On parle régulièrement du manque de piscine dans l’agglomération de Rouen. Il y en a 19 pour un demi-million d’habitants, dont deux sont actuellement fermées. Cela représente donc une piscine pour 30.000 habitants, environ. Loin de la moyenne française, qui est d’un équipement public pour 15.000 habitants (4.135 piscines en France en 2018). Et toutes ne sont pas dans un superbe état. Certaines sont vétustes, d’autres régulièrement rénovées, d’autres carrément fermées (comme celle de Notre-Dame-de-Bondeville) ou en rénovation complète (au Boulingrin, à Rouen).

Des disparités géographiques

Au milieu de cette situation, la destruction de la piscine Transat, à Bihorel, inutilisée depuis dix ans, à de quoi interroger. Une pétition, rassemblant 1.400 signatures, s’opposait à cette démolition. Symbole de son importance. Devant les pelleteuses, qui grignotent le vieux bâtiment, Solange se désole : « J’ai appris à nager ici, j’étais déjà à la retraite. Avant, j’avais peur de l’eau, des ponts. Donc là, cela me manque, je n’ai plus d’endroits où me baigner proche d’ici », indique-t-elle.

Dix-neuf piscines dans la métropole, ce n’est peut-être pas assez, indique David Lamiray, le vice-président de la métropole de Rouen, en charge des sports : « On voit sur la cartographie des piscines sur nos 71 communes, que leur répartition est assez disparate. Il y a une densité assez forte sur la rive gauche, jusqu’à Elbeuf et Cléon, avec pratiquement une piscine par commune. Une offre plus légère sur la rive droite et des poches où il n’y a aucun équipement, indique l’élu. Je rappelle qu’il n’y a jamais eu autant de noyés cette année, il y a un lien très fort. »

La situation à Rouen

La balle dans le camp des communes qui, ici, ont la compétence concernant les piscines. Mais il n’y a donc pas de cohérence globale et les projets peuvent parfois êtes ralenti. On l’a vu avec la piscine du Plateau est, ouverte cet été, après des années de tergiversations puis de blocages administratifs. Certaines sont fermées, ou en rénovation, et le public se reporte sur celles qui sont ouvertes, comme celles de Rouen : centrales, mais très utilisées. « Le public, évidemment, s’est reporté sur la piscine de l’île Lacroix », indique Sarah Vauzelle, l’adjointe au maire de Rouen en charge des Sports. Ainsi, plus de 170.000 personnes sont venues l’an dernier dans cette piscine. Du côté de Diderot, l’autre bassin, rouennais, la fréquentation de 2024 (13.000 entrées) a déjà été battue au 31 août 2025 (13.500 personnes) : « Le public va là où il y a des piscines et Rouen représente un cinquième de la métropole », admet Sarah Vauzelle. Mais pour elle, quatre piscines permettront de représenter une offre de « grande qualité ». Quatre, car la piscine du Boulingrin rouvrira ses portes au deuxième semestre 2026 après une lourde rénovation, pour 7,5 millions d’euros, et une autre sera construite dans les Hauts de Rouen d’ici à 2027-2028.

À l’Ouest, du nouveau ?

Restent les soucis géographiques. Autour de Jumièges, on manque toujours d’équipement. « Il y a vingt kilomètres à faire de chaque côté pour voir une piscine », se désole Patrick Callais, le maire du Trait, qui fait lui aussi le lien avec un danger pour les enfants : « On voit avec les enfants du centre de loisirs qu’il peut y avoir une grande peur, pour ceux qui n’ont pas la chance d’apprendre à nager ou d’aller en vacances avec leurs parents », explique l’élu. « On a un créneau dans les piscines les plus proches, mais cela fait 20 minutes de car aller, puis 20 minutes retour, cela fait en tout 20 minutes dans l’eau, ce n’est pas possible… »

Pour y remédier, la construction d’une piscine dans le secteur est envisagée. Des bassins de nage, mais pas forcément de loisirs, qui seraient installés près de la base de loisirs de Jumièges, pour concentrer les équipements. Une étude de faisabilité doit être lancée rapidement, car l’idée semble faire consensus auprès des maires du secteur, selon Patrick Callais. De quoi continuer à rattraper le retard accumulé au fil des années.